De la révolution française aux khmères rouges

Koeun Path, « rescapé malgré lui » de l’enfer khmer rouge

Un article du Figaro qui est allé rencontrer, à l’occasion de l’anniversaire des 40 ans de la Chute de Phnom Penh entre les mains des Khmers rouges, un rescapé du génocide cambodgien, Koeun Path, pasteur évangélique cambodgien exerçant en France.

Ce n’est pas tous les jours que Le Figaro fait de la publicité pour un livre chrétien qui témoigne clairement de Jésus-Christ.

Ce livre est une bonne occasion de faire de l’apologétique sous l’angle de la critique de l’idéologie des Lumières et de l’athéisme communiste, générateurs de violence.

La tragédie cambodgienne nous rappelle, en effet, l’horreur extrême et la violence de l’idéologie communiste athée lorsqu’elle est mise en application sans frein. 2/7e de la population cambodgienne (environ 2 millions) ont été décimés par les Khmers rouges dans des actes de barbarie parmi les plus sauvages de toute l’histoire. Il faut se souvenir que les chefs de file des Khmers rouges étaient des intellectuels cambodgiens qui ont été formés dans les universités françaises et qui ont absorbé la philosophie des Lumières et celle de la Révolution française. Ils sont retournés dans leur pays et ont simplement mis en application les idées des Lumières.

Par exemple, « Suong Sikoeun, 77 ans, est un ancien étudiant en géographie de l’université de la Sorbonne, devenu ensuite diplomate sous le régime khmer rouge. Dans son livre Itinéraire d’un intellectuel khmer rouge (éditions du Cerf, 2013), il a raconté son histoire (…):

« En France, j’ai étudié la philosophie du siècle des Lumières et celle de la Révolution française. J’ai été fasciné par la personnalité de Robespierre. Pour moi, il incarnait l’intégrité, le courage, l’abnégation. Et Robespierre, c’est l’essence de l’idéologie khmère rouge ! » »

http://mobile.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2014/08/08/robespierre-c-est-l-essence-de-l-ideologie-khmere-rouge_4469157_3216.html?xtref=acc_dir

L’entrée des Khmers rouges dans la capitale de Phnom Penh, c’était il y a 40 ans, mais Koeun Path s’en souvient parfaitement. Il avait 24 ans à l’époque. «Ce matin-là, le 17 avril, c’était terrible dans mon quartier. Les Khmers Rouges ont encerclé la capitale et l’ont bombardé, raconte-t-il, je suis sorti voir dans la rue. J’ai vu les gens entassés, poussés. On ne savait pas encore que les Khmers rouges faisaient évacuer la ville. Mais quelques heures plus tard, les soldats sont venus chez nous». Le régime nationaliste de Lon Nol venait de tomber et les Khmers rouges dirigés par Pol Pot accédaient au pouvoir pour 4 ans, instaurant une dictature communiste. Et qui massacrant 20% de la population du pays, soit près de deux millions de personnes.

«On était deux millions. Sous un soleil de plomb. C’était très pénible. On faisait deux kilomètres par jour», raconte Koeun Path. Il n’a même pas eu le temps de fermer la porte de sa maison. Les Khmers rouges leur avaient dit qu’ils devaient partir trois jours, car les américains allaient bombarder la ville. Pour Koeun, ce sera finalement trois ans d’enfer, puis l’exil loin de son pays. Pour des millions d’autres, la mort de faim, d’épuisement ou l’exécution sommaire d’une balle dans la tête à la sortie des camps de travail.

A Thnot Chum, où il est envoyé pour travailler dans un village après avoir été séparé de sa famille, Koeun se lie d’amitié avec Nhuong, un réfugié vietnamien. Par chance, il retrouve aussi un ancien camarade, Tcheng. C’est avec eux qu’il va fuir le camp lorsqu’il est convoqué par le chef de son village et qu’il comprend qu’il va mourir. Les trois hommes attendent alors l’heure du déjeuner, pendant que les miliciens sont à la cantine, pour fuir une mort qu’ils savent certaine. Leur but: rejoindre la Thaïlande, à 450 km de là, pour recouvrer leur liberté.

Quarante jours de fuite

«On a perdu Tcheng, puis ce fut le tour de Nhuong. Et après 40 jours et 40 nuits, je suis arrivé seul en Thaïlande», relate Koeun Path pudiquement. Il dit «on», car même quand Nhuong est mort, Koeun n’a jamais été seul. «Je l’ai su plus tard, dit-il, mais Jésus-Christ était avec moi. J’avais senti quelqu’un qui me protégeait et me portait». Cette «révélation», comme il le dit lui-même, c’est dans les geôles thaïlandaises où il attend son transfert dans un camp de réfugiés, qu’elle le frappe. Une missionnaire américaine lui parle de Jésus-Christ «qui vit dans le coeur». Ce n’est donc pas la voix de l’objet tout puissant des croyances bouddhistes de son enfance, ni les génies de la culture cambodgienne qui lui ont parlé pendant sa fuite.

Koeun Path est un «rescapé malgré lui». C’est le nom du livre que sa belle-fille, Fidji Laplagne-Path, a co-écrit avec lui(*). Il aurait préféré «quarante jours et quarante nuits» dit-il en souriant. «Si je regarde en arrière, je me dis que ce n’est pas possible», quand on lui demande pourquoi il a survécu. Il évoque ensuite «une rage de vivre» et l’envie de «libérer son Cambodge» pris en otage par les Khmers rouges et leur Kampuchéa démocratique. Il rend aussi hommage à ses deux amis qui lui ont permis de rester en vie. «Je n’aurais peut-être pas survécu sans eux», admet-il. S’il n’a jamais baissé les bras, Koeun Path a connu beaucoup de moments de découragement pendant sa fuite. La faim, la froid , la fatigue et la mort de ses deux amis qui le rend presque fou. «Quand j’ai perdu Nhuong, j’ai crié. J’étais à coté d’un camp de Khmers rouges. J’ai crié à pleine gorge et l’écho rentrait dans mes oreilles. J’entendais ma voix. C’était la voix d’un désespéré», se souvient-il encore.

Trois ans après la chute de Phnom Penh, il prend l’avion pour la France où sa demande d’asile a été acceptée. Ce n’est pas la libération qu’on aurait pu escompter: pour Koeun, c’est une déchirure. LeCambodge que la voix l’avait sommé de ne pas oublier, il n’y retournera qu’en 1990. Pourtant il ne l’a jamais oubliée, son histoire, il l’a raconté des centaines de fois et pour la raconter encore, il a repoussé sa dialyse au lendemain.

(*)Rescapé malgré lui, de Koeun Path et Fidji Laplagne-Path, BLF Editions, avril 2015.

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