“Dieu a implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité”

Source: http://www.amessi.org/L-eternite-une-certitude#.UwXIJYXh0ep

« Qu’y a-t-il de plus incompréhensible que l’Eternité, et qu’y a-t-il en même temps de plus certain ? » (Pierre Nicole, théologien et moraliste français, extrait de “La logique ou l’art de penser”).

Dans les années 80, un vieil homme plein de sagesse interrogeait ainsi son petit-fils, jeune lycéen : “Que comptes-tu faire après tes études secondaires ? Le garçon, sûr de lui : de hautes études de commerce. Dans quelle intention ? Réponse immédiate du futur étudiant : je veux créer ma propre entreprise en Australie où je compte vivre avec ma famille. Et ensuite ? Après avoir gagné beaucoup d’argent, je pourrai alors couler une retraite heureuse dans une petite île paradisiaque du Pacifique sud. Et après ? Le futur décideur qui n’avait pas fait de projets au-delà de sa retraite pas plus d’ailleurs qu’il n’avait prévu cette question pertinente, ne sut hélas, que répondre à son grand-père !” Comme ce garçon, notre pensée bornée est-elle incapable de dépasser ces projets humains à “court terme” ?

Bien que le sens profond du mot éternité nous échappe, il existe néanmoins en nous une soif d’immortalité, de vie éternelle. La croyance en une “survie de l’individu” après la mort semble remonter aux origines de l’espèce humaine et de tout temps, dans toutes les civilisations, ce qui peut paraître étonnant, une grande majorité s’est ralliée à l’idée que l’homme est immortel par nature. Dans un livre récent (1), le scientifique et ministre Claude Allègre a pu affirmer : “Ce qui est commun aux religions, depuis celles des Sumériens ou des Égyptiens en passant par celles des Perses, des Babyloniens, des Assyriens, des Indiens ou des Chinois jusqu’à celles qui inspirent les Sepik de Nouvelle-Guinée ou les Indiens d’Amazonie, c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs, l’immortalité”. Ainsi, il y a plus de 4000 ans, l’Egypte pharaonique, pour ne retenir que cette civilisation, s’édifiait dans la perspective de l’éternité. Les Egyptiens en effet, tout en reconnaissant la brièveté du temps terrestre, croyaient en une autre forme d’existence. Osiris, mort et ressuscité, devenu Dieu de l’au-delà, leur apportait à tous l’assurance d’une survie éternelle. Une vision d’éternité qui marqua la philosophie grecque avant qu’elle-même, par l’intermédiaire des Pères de l’Eglise, n’influence considérablement le christianisme (2) comme en témoigne par exemple cette fiche pédagogique de la Bibliothèque Nationale de France : “On pourrait dire que si Saint Augustin a eu la volonté de christianiser Platon en l’introduisant dans ses théories religieuses, Saint Thomas d’Aquin christianisa à son tour Aristote, huit siècles plus tard, avec cette même volonté d’harmoniser le savoir, la sagesse antique et la foi chrétienne” (3).

On conçoit aisément que l’idée que les hommes se font de l’au-delà, dépend beaucoup de la culture à laquelle ils adhèrent. Aussi, l’important en la matière n’est-il pas d’abord d’identifier les sources auxquelles on s’alimente. C’est ce que nous nous efforcerons de faire dans cet article avant de tenter de répondre succinctement à une double question : pouvons nous concevoir l’éternité et, si oui, comment y accéder ?

Une perspective réconfortante

Rien que par son caractère illimité (par rapport à notre courte vie terrestre), l’éternité à de quoi nous intriguer. Un sage oriental l’a comparée symboliquement à un énorme diamant de la taille du poing sur lequel, chaque matin, une colombe viendrait donner un coup de bec. Une fois que cette pierre précieuse, progressivement usée par les assauts répétés – rappelons que le diamant est le plus dur des minéraux naturels – ait complètement disparu, il se serait écoulé “une seconde de l’éternité” ! Et si nous considérons maintenant le fait, qu’à celle-ci, les différentes religions ont en général associé (avec quelques nuances) la notion de bonheur, alors vraiment il n’est pas anormal d’en rêver sérieusement un jour ou l’autre ici-bas… à moins d’y avoir déjà trouvé le paradis !

Mais dans notre compréhension de l’éternité, encore faut-il discerner ce qui n’est que fable, fantaisie ou débat philosophique hypothétique ! Les avis à ce sujet sont divers et contradictoires. Par contre un point est sûr, pour tous les descendants d’Abraham (Juifs, Chrétiens et Musulmans), l’éternité est le premier attribut de Dieu, d’où son nom : “l’Eternel”. Puisque nous vivons dans une civilisation dite “judéo-chrétienne”, pourquoi ne pas revenir tout naturellement au fondement de cette dernière en choisissant la conception de la Bible qui apporte sur l’au-delà, une réponse saine et juste tout en nous amenant à vivre pleinement dans le présent ? Saluons ici au passage les efforts récents de l’Eglise catholique pour faire disparaître la relation de défiance qui s’est instituée au fil des siècles entre les Français et le Livre.

Certes, peut-être aimerions nous trouver dans les Ecritures (4) plus de précisions sur l’éternité ! Un ironiste n’a-t-il pas dit que nous ne sommes pas plus au clair sur le mobilier du ciel que sur la température de l’enfer ! Rappelons que bien avant lui, Galilée avait témoigné que “la Bible ne nous enseigne pas comment est fait le ciel mais comment y aller ! Cependant, l’aperçu que nous y découvrons suffit déjà pour nous donner une petite idée sur cette vie perpétuelle auprès de Dieu, en fait une qualité de vie incomparable en grande partie indescriptible car au-delà de toute imagination humaine. “Il s’agit de ce que l’œil n’a pas vu et que l’oreille n’a pas entendu, de ce que l’esprit humain n’a jamais soupçonné, mais que Dieu tient en réserve pour ceux qui l’aiment” (1 Corinthiens 2.9). Même si l’on touche ici l’insondable, le fait de savoir seulement que dans l’éternité, il n’y aura plus de souffrances ni de mort (Apocalypse 21.3-4), que nous profiterons à jamais de la justice de Dieu (2 Pierre 3.13) et surtout que nous le verrons tel qu’il est (1 Jean 3.2), a de quoi nous inciter à prêter encore plus attention à cette apothéose promise au terme de notre vie terrestre. Qui plus est, ce diamant inestimable, nous est offert gracieusement (Apocalypse 21.6) … toutefois, à une condition.

Une seule condition

En nous référant à la Bible, beaucoup moins étonnante est la quête humaine d’éternité manifestée à toutes les époques car on peut y lire notamment que “Dieu a implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité” (Ecclésiaste 3.11). Ainsi, observe Charles Gerber, “quoiqu’il prétende, l’homme possède au fond de lui-même un sentiment religieux extrêmement puissant… A toutes les époques, sous toutes les latitudes et à quelque race qu’il appartienne, il manifeste en effet une soif, une aspiration, un vrai tourment de quelque chose ou de quelqu’un, une inquiétude de Dieu… Partout et toujours, même dans les conditions les plus défavorables, il adore une force supérieure” (5). Toutefois, Dieu ne se contente pas d’inculquer un sentiment religieux aux hommes, il désire tout simplement partager son éternité avec eux, du moins avec tous ceux qui acceptent ce dessein inouï.

Car en plus, Dieu gratifie ses créatures du libre arbitre (Genèse 2.16-17). Celles-ci sont donc mises dans l’alternative de choisir entre l’obéissance et la désobéissance, entre le bien et le mal : “Voyez, je place aujourd’hui devant vous, d’un côté, la vie et le bonheur, de l’autre, la mort et le malheur” (Deutéronome 30.15). A ce propos, J. H. Kurtz fait une observation très juste : “Image de Dieu, l’homme est destiné et préparé à être et à devenir comme Dieu, semblable à lui en sainteté, en félicité, en sagesse, en puissance, en majesté, dans la mesure où le permettent les limitations nécessaires d’un être créé et autant que l’exige sa position de représentant de Dieu sur la terre. Mais la création n’a pas porté l’homme de prime abord au degré de développement dont il est susceptible et auquel il est appelé. Tout ce qu’il devait devenir, il le possédait à l’état de germe et de virtualité. Car placé, comme être spirituel semblable à Dieu, au-dessus de la nature privée de liberté, son développement ne lui était pas imposé comme à la plante par exemple. Il avait à se déterminer et à s’épanouir pour réaliser la destinée à laquelle l’appelait son Créateur, par sa libre décision, sa libre activité. Il est clair dans ces conditions, qu’un autre choix, qu’une détermination contraire à la volonté divine, deviennent possibles” (6). Respectant notre liberté, Dieu ne nous contraint pas d’accepter son éternité mais nous invite par contre, à choisir le bon chemin pour y avoir accès : “Choisissez donc la vie, afin que vous viviez, vous et vos descendants” (Deutéronome 30.19).

Hélas, on peut constater que l’homme a toujours fait un triste usage de sa liberté, à commencer par nos premiers ancêtres ! Dès que ceux-ci tournent le dos à leur Seigneur, l’accès à l’arbre de vie (Genèse 2.9), leur est interdit. “L’Eternel Dieu dit : évitons que l’homme tende la main pour prendre aussi de l’arbre de vie, en manger et vivre éternellement” (Genèse 3.22, Version Segond révisée 1978). Ainsi, dans le jardin d’Eden, l’éternité offerte à l’homme est conditionnelle, pour bénéficier de la vie éternelle, il doit cueillir et manger le fruit de l’arbre de vie, expression de la communication avec Dieu (7).

Dans la Bible, Dieu apparaît comme un Père compatissant et miséricordieux, aimant ses créatures d’un amour absolu. Certes, en leur donnant la liberté, il prend des risques mais ne veut pas d’esclaves ni de robots programmés pour faire le bien ! Il souffre de ce choix de l’homme qu’il a créé candidat à l’éternité et dès la chute du premier couple, fait la promesse de le délivrer de la mort éternelle (Genèse 3.15) (8). Mystère insondable exprimant son éternelle bonté, ce plan de rachat de l’humanité, déjà conçu avant la fondation du monde, est admirablement bien résumé par l’apôtre Jean : “Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui mettent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle” (Jean 3.16). L’éternité – qui devient effective à la résurrection – est donc acquise par la rédemption (9) et le chrétien s’en empare par la foi en Jésus-Christ, c’est la seule condition (Romains 10.13 ; Jean 3.36 ; Jean 6.47) pareillement à l’arbre de vie (10) du jardin d’Eden, lien indispensable à nos premiers parents pour recevoir la vie éternelle.

Croire (ou avoir la foi) au sens biblique implique la personne du Christ, c’est consentir à un contact permanent avec lui afin qu’il manifeste en nous sa vie (éternelle). Là encore, l’accès à l’éternité exige une communication avec la source de la vie éternelle. Le libre arbitre subsistant et la foi se définissant entre autres (11) comme un acte de volonté, notons que l’homme a toujours la liberté de croire ou de ne pas croire (12). En croyant, il ne fait pas un acte méritoire mais accepte tout simplement un don extraordinaire immérité (le salut éternel), cette acceptation étant comme nous l’avons déjà dit la condition du salut.

Ainsi, la vie éternelle est véritablement un don de Dieu (Romains 6.23), un diamant inestimable offert gracieusement. Nul ne peut l’acquérir par ses œuvres si belles soient-elles ! Saint Paul écrit aux chrétiens d’Ephèse que “C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie” (Ephésiens 2.8-9, Version Segond révisée 1978) (13). A cet égard, quelqu’un a dit aussi pertinemment que Dieu est trop riche pour vendre le salut et l’homme bien trop pauvre pour l’acheter !

Cela dit, que penser de l’enseignement de l’apôtre Jacques lorsqu’il dit “que la foi sans les actes ne sert à rien” (Jacques 2.20) ? Son exhortation ne s’oppose-t-elle pas au message de Saint Paul ? Non, au contraire, l’action du croyant est la démonstration de sa foi, son prolongement, sa forme (Galates 5.6 ; 1 Jean 2.6). On pourrait dire qu’il fait des œuvres non pour être sauvé mais parce qu’il est sauvé ! Et ces actions là ne s’apparentent plus à des mérites. D’ailleurs, toujours selon Saint Paul, même les œuvres effectuées par le chrétien ne viennent pas de lui mais constituent encore un “don” de Dieu : “Ce que nous sommes, nous le devons à Dieu, car par notre union avec le Christ, Dieu nous a créé pour une vie riche d’œuvres bonnes qu’il a préparées à l’avance afin que nous les accomplissions” (Ephésiens 2.10) !

Pourtant, même si le croyant dès le premier pas de la foi, vit déjà virtuellement dans l’éternité (1 Jean 5.11-13), il ne peut se soustraire à la condition humaine, douloureuse pour lui aussi. On peut même affirmer que la souffrance est inévitable pour celui qui marche avec Dieu mais par contre, elle apprend à compter sur lui et sur le chemin étroit jonché d’épreuves conduisant au seuil de l’éternité, les auteurs bibliques attestent que le Christ soutient tous ceux qui se confient en lui (Matthieu 11.28 ; 1 Pierre 5.7). “Si tu ne marches que pendant les jours de beau temps” disait à ce sujet un sage chinois, “tu n’atteindras jamais ta destination” !

Cette réflexion sur l’éternité sous l’éclairage de la Bible est loin d’être achevée. Nous avons conscience que traiter ainsi en quelques pages un sujet si élevé, si profond et à priori tellement inaccessible aux facultés humaines, ne peut qu’en appauvrir le contenu. Toutefois, le côté insatisfaisant ou incomplet des réponses avancées incitera peut-être le lecteur à examiner plus à fond cette pensée commune à tout un chacun. En tout cas, nous espérons avoir démontré la simplicité avec laquelle la Bible met les hommes de toute condition à même de comprendre le chemin de l’éternité.

Claude Bouchot

 



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