L’épistémologie défendue dans cet article conduit à la reconnaissance du Wissenschaften pluriel. Cela a des conséquences spécifiques pour la connaissance de nos origines. Il existe des faits sur les humains qui échappent à la compétence des sciences naturelles, mais que nous apprenons d’autres disciplines. La psychologie et la sociologie ne peuvent être réduites à la science naturelle, et la philosophie et la théologie ne peuvent pas être écartées comme n’offrant aucun aperçu indépendant de l’identité humaine. Cela ne signifie pas que la science naturelle ne nous donne pas d’informations précieuses sur qui nous sommes et d’où nous venons. Mais nous ne pouvons espérer connaître tout ce qu’il est intéressant de connaître sur les humains à partir de cette seule source.
Probablement que la famille d’arguments non-réductionnistes la plus ancienne et la plus connue concerne la nature de la pensée rationnelle. Elle peut être retracée de Descartes au Phédon de Platon. L’épine dorsale de l’argument est la vérité générale que ce qui est (l’être) ne peut pas déterminer ce qu’il devrait y avoir (les normes). La science naturelle vise à décrire ce qui existe. Mais la pensée rationnelle est un effort normatif. Affirmer que quelque chose est vrai (ou faux) ne peut donc pas être exprimé en termes purement scientifiques. Au XXe siècle, des versions de cet argument ont été élaborées (entre autres) par C. S. Lewis, Karl Popper, Thomas Nagel, et Alvin Plantinga.
Le caractère normatif de la pensée rationnelle n’est pas la seule menace à une compréhension réductionniste de l’esprit. Il y a d’autres caractéristiques de la pensée qui sont problématiques, comme la conscience et l’intentionnalité. Les théistes ne sont pas les seuls philosophes à signaler les difficultés du programme réductionniste. Et l’esprit n’est pas le seul aspect de l’homme qui défie le réductionnisme. Les notions relationnelles -telles que la confiance, l’amitié, le sens de la transcendance- semblent dans leur essence même aller au-delà de ce que la méthode scientifique naturelle peut capturer. Rappelez-vous que l’une des caractéristiques de la pratique scientifique est la répétabilité des expériences. Le résultat d’une expérience ne doit pas être influencé par le scientifique qui l’exécute. Mais l’essence des vraies relations, c’est que la personne avec qui nous entrons en relation importe.
La nature irréductible des humains a des implications directes pour toute exploration des origines humaines. Les études scientifiques naturelles, aussi importantes et fascinantes soient-elles, ne nous diront jamais tout ce qu’il y a à savoir. En particulier, il n’existe pas de moyen simple de traduire des concepts philosophiques et théologiques importants en sciences naturelles. Pour plus de détails : http://themelios.thegospelcoalition.org/article/facts-and-theories-in-science-and-theology
Source : http://www.uncommondescent.com/religion/lydia-jaeger-natural-science-cannot-fully-comprehend-human-nature/