L’insurrection au Liban au point de non retour

Beyrouth, le 6 août. Bloqués par l’armée au passage d’Emmanuel Macron, des volontaires déblayant la zone protestent contre le gouvernement. MAXPPP/EPA-EFE/Nabil Mounzer

Pour nombre d’habitants de la capitale libanaise, déjà essorés par des mois d’une grave crise économique, la catastrophe de mardi est un point de non-retour.

Des fusils et des balais : les armes des militaires qui ont pris possession du centre-ville de Beyrouth, meurtri par la double explosion survenue mardi 4 août sur le port, et celles des volontaires qui s’échinent à lui redonner un semblant de vie. Pour l’instant, ces deux objets devenus symboliques du Liban se côtoient dans une relative indifférence. Mais beaucoup parient qu’ils se retrouveront très vite face à face. Car déjà, le temps du deuil est supplanté par celui de la colère. « Si nous n’étions pas occupés à nous entraider, nous serions devant le Parlement, à hurler », lâche Nathalie.

Il y a neuf ans, cette Franco-Libanaise a quitté Paris pour Beyrouth « par amour du pays ». Ce jeudi 6 août au matin, elle constatait les dégâts dans son quartier de Gemmayzeh où, par chance, elle ne se trouvait pas mardi au moment du drame. « Si j’avais été là, j’aurais regardé l’incendie depuis mon balcon, et j’aurais été balayée par le souffle qui a explosé ma baie vitrée », lâche-t-elle, la voix nouée par la peur et les sanglots. Et si Nathalie était « à une heure de route de Beyrouth », c’est parce qu’à cause de la crise économique qui frappe le Liban depuis des mois, elle n’a plus ni eau ni électricité, contrainte de se laver hors de la ville.

Beyrouth, jeudi 6 août. « Tout ce qu’il nous reste, c’est le fait de nous savoir en vie », dit Nathalie. /LP/Arnaud Dumontier

Comme ses proches, Nathalie constate que « tout ce qu’il nous reste, c’est le fait de nous savoir en vie. Pour les Libanais, cette explosion, c’est le point de non-retour. La colère est là, qui va et qui doit sortir. » Des mots qui sont ceux de toute une population, déjà chauffée à blanc par les privations avant même l’onde de choc de la déflagration. Sur Twitter, le hashtag « pendez-les » n’en finit plus de circuler.

« Nous n’avons plus d’endroit à appeler maison, dénonce Johnny, un quadragénaire. Alors, allons détruire celles de ceux qui, par leur irresponsabilité, n’ont rien fait pour nous protéger. » Heure après heure, la rumeur d’une grande manifestation qui pourrait se dérouler samedi se fait plus insistante.

«Les gens sont au bout du rouleau»

« Dans n’importe quel pays, une enquête aurait été ouverte pour savoir qui a laissé pourrir six ans durant ces 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, fustige une habitante du quartier de Mar Mikhaël. Ici, il y en a bien une, mais elle est menée par le directeur du port, qui devrait pourtant être le premier suspect auditionné. » « Dans les rues, le discours est passé de Kellon yaaneh kellon, soit Ils sont tous corrompus, à Il faut les guillotiner », constate Noël. Avec sa sœur, Michelle, elle compose depuis dix ans un duo dont les chansons satiriques sont dans toutes les têtes au Liban, et particulièrement dans celles des contestataires qui avaient pris la rue en octobre pour des manifestations jusqu’alors pacifiques.

Emmanuel Macron à Beyrouth : « La France sera là »

« Avant-hier, la police nous bastonnait. Aujourd’hui, nous avons repris la place des Martyrs et nous ne la lâcherons plus », prévient Nancy, une activiste de la première heure, occupée à distribuer des vivres sous les tentes dressées par des bénévoles. La place en question, chaudron de la contestation depuis octobre, est flanquée d’un immense poing levé barré de la mention « Thawra », « révolution » en arabe. Sur son flanc est se dresse toujours « le dôme ». Un œuf de béton laminé, symbole de la guerre civile de 1975-1990, qui, au-delà de son rôle patrimonial, sonnait jusque-là comme un rappel du risque de balkanisation du pays.

Beyrouth, le 6 août. Dans ce quartier proche du port, un spectacle de ruines et de désolation. /LP/Arnaud Dumontier

« La nouvelle génération a dépassé ces clivages inter-ethniques, analyse Noël. Même ma mère qui a connu la guerre est dans un état de rage que je ne lui ai jamais connu. » Pour la trentenaire, c’est bien « contre la classe politique » que sera dirigé un mouvement de protestation s’annonçant « forcément très violent. » « Regardez les visages dans les voitures, les gens sont au bout du rouleau », appuie Nancy.

Un pays où «tout le monde semble condamné à mort»

A l’hôpital du Rosaire, situé 300 mètres en surplomb du port, même sœur Clothilde semble sur le point de céder au désespoir, décrivant un Liban « où tout le monde semble condamné à mort. »

Ouvert en 2012, cet établissement flambant neuf de 200 lits n’est plus qu’une carcasse vide. Les faux plafonds éventrés pendent à hauteur d’homme. La porte en plomb protégeant le local des radiographies, pourtant épaisse de près de 10 cm, a été projetée au fond de la pièce par le souffle. Une infirmière, collègue de sœur Clothilde, a été tuée dans la catastrophe.

A l’hôpital du Rosaire, non loin du port, sœur Clothilde veille sur un établissement dévasté./LP/Arnaud Dumontier

Si, fort heureusement, les urgences étaient vides de patients au moment du drame, les capacités de pointe de l’hôpital, en matière de cancer du sein et d’ophtalmologie notamment, seront durement amoindries sur le long terme. « Mardi soir, des opérations vitales ont dû être effectuées à la lueur des téléphones portables, rappelle Noël. Chaque jour, les Libanais ont l’impression de se réveiller dans un nouveau pays. »

«Ce qu’on vit, c’est une forme de guerre»

L’inflation galopante a multiplié les prix par six, et la dégringolade de la livre libanaise face au dollar a précipité une large part de la population dans la famine, anéantissant la classe moyenne pour ne laisser que la pauvreté d’un côté, et l’ultra-richesse d’une minorité de l’autre. A chaque coin de rue ou presque, d’immenses tas de verre pilé disent la fragilité d’un Liban dont l’architecture a toujours prisé cette matière pourtant inféodée aux éléments.

« Les gens ont peur d’une guerre ? Mais ce qu’on vit aujourd’hui, c’est une forme de guerre », poursuit Nathalie. Ces derniers temps, nombre de ses amis lui ont rappelé la chance d’avoir la nationalité française, l’exhortant fuir. « Mais cette chance que j’ai, beaucoup ne l’ont pas, qui n’ont plus aucun choix… »

Source : https://www.leparisien.fr/international/explosions-a-beyrouth-apres-le-choc-la-revolte-gronde-06-08-2020-8364564.php

Voici le flash EMP, qui  a provoqué la première explosion:

On peut voir sur cette vidéo par exemple qu’il s’agit d’une ogive, de forme atypique:

Que l’on voit également ici:

Beyrouth : Un engin semble tomber selon un angle qui apparemment correspond au lieu d'impact de l'explosion… D'autres vidéos postées montrent des oiseaux.L'armée et les services secrets suspectés dans cette affaire sont connus de tous, inutile de cité le pays concerné, je n'ai pas envie d'être ostracisé par l'algorithme ou les suppôts de Zucchero…

Publiée par Arturo Zapata sur Jeudi 6 août 2020

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