Un an sans sucre: «Ma santé s’est clairement améliorée»

Pho1196692e Da28 11e4 Ac96 7c96fd3ca975 250x350INTERVIEW – Danièle Gerkens, journaliste à Elle , s’est interdit tout aliment à base de sucre pendant une année. Une expérience dont elle raconte les hauts et les bas dans un livre, Zéro sucre .

Journaliste spécialisée dans la santé et l’alimentation, Danièle Gerkens aime cuisiner autant qu’elle aime manger. Elle s’est pourtant lancé un défi inédit en France: supprimer tout sucre simple de son alimentation pendant un an. Si elle s’est autorisée les sucres complexes (riz, pommes de terre, farine…), elle a dit adieu aux gâteaux, yaourts, compotes, jus de fruits, confitures, plats industriels… Une expérience inédite en France qu’elle décortique, arguments scientifiques à l’appui, dans son livre Zéro sucre(Editions Les Arènes)

LE FIGARO. – Un an sans sucre, ça paraît très long. L’expérience a-t-elle été difficile?

Danièle GERKENS. –Il ne faut pas se leurrer, c’est frustrant. D’autant que je suis très gourmande, que j’adore cuisiner, que je vois défiler de magnifiques patisseries au bureau et que je n’avais jamais tenu de régime de ma vie jusque là! Au début, la frustration est physiologique, émotionnelle et gustative et les quatre premières semaines ont été… raides. S’ensuit une transition de 15 jours où ça va mieux, et au bout de 6 à 8 semaines, c’est fascinant: on rentre dans une nouvelle phase où on n’en a plus envie. On peut conserver des envies intellectuelles qui conduisent à se dire devant un gâteau magnifique «je me demande quel goût ça a», mais ce n’est plus une pulsion. En revanche il peut subsister une frustration sociale car on vous renvoie facilement l’image de la fille pas drôle, pas bonne vivante.

Vous racontez justement que votre projet a suscité des réactions parfois agressives dans votre entourage.

Je ne m’y attendais pas du tout. Ma mère elle-même, qui pourtant est diabétique, a mal pris que je refuse un gâteau qu’elle avait préparé. Cette réaction négative est symptomatique de personnes qui ont une relation compliquée avec un produit addictogène, comme l’alcool ou le tabac. Je pense que qu’il y a eu un effet miroir. Mon projet les renvoyait à une incapacité de gérer une conduite addictogène. Par ailleurs, le Pr Michel Lejoyeux de l’hôpital Bichat à Paris (spécialiste des addictions, NDLR) m’a fait remarquer que ma démarche questionnait un produit ultra courant et socialement accepté, ce qui revient, d’une certaine façon, à interroger les valeurs de la société.

Vous estimez pourtant avoir beaucoup bénéficié de ce régime atypique.

Oui, énormément. Je n’ai pas arrêté le sucre pour maigrir mais j’ai quand même perdu six kilos sans effort, alors même que je mange beaucoup plus gras. En plus, j’ai fondu au niveau du ventre – une graisse dont on sait qu’elle est particulièrement nocive pour la santé. Je n’ai plus jamais de baisses d’énergie comme avant alors que je n’ai rien changé dans mon rythme de vie: je ne dors pas plus, je ne fais pas plus de sport… Je digère mieux et on m’a complimentée sur la qualité de mon teint. Mais surtout, moi qui suis très sensible sur le plan ORL à raison de 8 à 10 sinusites par an, je n’en ai eu que deux cette année. C’est un gain de bien-être colossal. De la même façon, une forte allergie aux pollens m’impose ordinairement de prendre des antihistaminiques quotidiennement de janvier à mai. Nous sommes le 3 avril, et je n’en ai toujours pas ressenti le besoin malgré des déplacements dans des pays où il y a avait des arbres auxquels je suis très allergique.

Cakes

Avez-vous trouvé une explication à cela?

Très peu car cela n’a pas été étudié. Quelques études scientifiques semblant dire que le sucre a un effet inflammatoire, ce qui pourrait expliquer la disparition de ma cellulite aussi, car on sait qu’il s’agit d’une inflammation des graisses. Pour avoir un point de vue scientifique probant et extrapolable, il faudrait que des centaines d’autres personnes fassent la même expérience que moi, ce qui semble peu probable.

En quoi l’année écoulée a-t-elle transformé votre perception de notre alimentation?

Les habitudes alimentaires sont une construction sociale. Elles sont donc le produit de notre époque mais aussi, depuis un siècle, du marketing. Je pense sincèrement que notre organisme n’est pas fait pour accumuler des quantités importantes de sucre. L’homme est apparu dans un environnement où les sucres simples étaient très rares et il me semble qu’il faut lui rendre cette rareté. Or depuis une cinquantaine d’année, le sucre est omniprésent, notamment dans les plats industriels. Je ne dirais pas que c’est une substance dangereuse mais c’est un produit dont il ne faut pas abuser. D’ailleurs, j’ai recommencé à en consommer un peu après la fin de cette année «sans sucres», mais je me rends compte que j’en ai peu envie spontanément. Quand je mange un bon gâteau, je me contente de quelques cuillères: je trouve ça délicieux et ça me suffit. Actuellement, j’en mange une à deux fois par semaine, plus deux carrés de chocolat hebdomadaires. Ce qui est troublant toutefois, c’est que j’ai réalisé que depuis que j’en remange un peu, j’y pense plus souvent qu’avant.

Source : http://sante.lefigaro.fr/actualite/2015/04/03/23584-an-sans-sucre-ma-sante-sest-clairement-amelioree



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