Les salles de sport face à la vague de résiliations des anti-passe : « On nous traite de collabos »

Les salles de sport avaient rouvert le 9 juin après sept mois de fermeture. PATRICK HERTZOG / AFP

Les exploitants craignent des conséquences importantes sur leurs chiffres d’affaires

Depuis le 21 juillet, au même titre que les autres établissements culturels et de loisirs, les salles de sport ont l’obligation de contrôler les passes sanitaires de leurs clients. L’application de la mesure est toutefois contraignante pour les professionnels qui voient se profiler une vague de résiliations d’abonnement et demandent plus de temps pour se préparer.

Dès le premier jour d’application du passe, mercredi dernier, certains usagers des salles de sport françaises ont exprimé leur mécontentement sur les réseaux sociaux mais aussi directement auprès des lieux se pliant aux annonces du gouvernement. Les salles de fitness ont dû faire face à de nombreuses questions sur l’application concrète des mesures. La mise en place opérationnelle et technique est par ailleurs compliquée car les équipes sont en « sous-effectif » après le confinement. Et certains salariés se refusent de plus à contrôler le fameux sésame.

Certaines réponses ont été apportées ce vendredi par le directeur du cabinet du ministre des Sports au syndicat Active FNEAPL. Les contrôles d’identité devraient par exemple être effectués de manière aléatoire par des agents assermentés et non par les exploitants. Le passe sanitaire est par ailleurs mis en place si la capacité de la salle est supérieure à 50 personnes sans possibilité pour l’exploitant de décider lui-même de l’instauration d’une jauge pour contourner l’obligation, comme cela a pourtant été fait dans plusieurs salles de sport de l’Hexagone. Un débat similaire s’est posé pour les salles de cinéma. Et le gouvernement a finalement autorisé les cinémas à adopter une jauge de 49 personnes sans passe.

Une vague de résiliations dans un climat tendu

Dans une salle de sport du 9ème arrondissement de Paris, le responsable déplore une « déferlante de demandes de résiliation sur la journée du 21 juillet, avec parfois beaucoup d’agressivité ». « On nous traite de collabos ». Certains clients ont aussi choisi de suspendre leur abonnement jusqu’au mois de septembre comme le proposent plusieurs chaînes de salles de sport. « On essaie de satisfaire tout le monde » explique le responsable. L’impact à long terme reste cependant « difficile à mesurer ».

Fitness Park confirme également avoir reçu « beaucoup de demandes de résiliation suite à la mise en place de ce passe ». Au niveau national, les syndicats ont observé un effet immédiat de la mesure gouvernementale. Virgile Caillet, délégué général chez l’Union Sport & Cycle – syndicat représenté dans 1 500 salles de fitness – évoque des « remontées d’incidents dès le matin même ». Il constate « une agressivité extrêmement forte de la part d’une minorité hurlante » dans une journée de « grande confusion ».

Dans certaines salles de sport, les chiffres sont alarmants. Thierry Doll, président du syndicat Active FNEALP prend ainsi l’exemple d’un club de fitness d’un territoire rural de l’Est de la France « Avant la crise sanitaire, la salle comptait 700 adhérents, à la réouverture en juin ce chiffre était déjà tombé à 120 et depuis l’instauration du passe sanitaire, la salle a encore déploré 12 résiliations sur la première journée ». En plus de ces résiliations, les clients demandent à se faire rembourser invoquant le fait que le passe sanitaire « n’était pas inclus dans les conditions générales d’utilisation ». Des problèmes de trésorerie pourraient alors se faire jour alors même que les exploitants avaient réalisé « des investissements conséquents » pour assurer le respect des gestes barrières et qu’ils n’avaient rouvert que depuis un mois et demi.

Pour Lilia, adhérente d’une salle de sport lyonnaise qui ne souhaite pas se faire vacciner, le passe sanitaire est « aberrant ». Le responsable de son club a mis en place une jauge de 49 personnes pour le moment, tout en indiquant qu’il commencerait à contrôler le passe même en dessous de 49 personnes d’ici le 31 juillet au plus tard. Si elle reconnaît que ce n’est « pas la faute des salles », elle compte résilier son abonnement ou le suspendre si la situation ne s’améliore pas, avec l’espoir que « tout puisse changer avec les manifestations anti-passe». Beaucoup d’internautes semblent partager son avis.

Des professionnels en première ligne

Sur place, les salariés sont aussi confrontés aux récalcitrants. Le directeur d’une salle de sport parisienne se veut cependant rassurant. À l’entrée, rares sont les personnes qui n’ont pas le passe sanitaire. « Les recalés ne représentent que 5 à 10% de nos clients, c’est une petite minorité ». Il faut dire qu’à Paris 70,42% des habitants ont déjà reçu une première dose selon le site CovidTracker, contre seulement 57,61% au niveau national. Des divergences pourraient donc apparaître entre les territoires. Ceux qui se voient refuser l’entrée sont parfois déçus mais surtout surpris : « Les adhérents ne comprennent pas pourquoi on commence à contrôler dès maintenant alors que les restaurants peuvent attendre jusqu’à début août ».

Les professionnels ont eu très peu de temps pour préparer les clients et le délai nécessaire entre la première dose et l’obtention du passe a pris les sportifs de court. Les salles de sport sont « en première ligne face à la crispation des Français » explique Thierry Doll, président du syndicat Active. La situation peut alors vite s’envenimer car «les salariés ne savent pas toujours comment réagir». Face à des clients qui laissent parfois éclater leur colère le président du syndicat se demande : « Que voulez-vous faire quand des personnes qui font deux mètres de haut se présentent en face de nos secrétaires d’accueil et refusent de présenter leur passe ? ».

Les syndicats demandent donc un alignement des délais d’instauration du passe sanitaire avec les restaurants et ont déposé un référé suspension auprès du conseil d’État. Ils espèrent ainsi pouvoir circonscrire les pertes des exploitants dans un secteur déjà durement touché par la crise.

Source : https://www.lefigaro.fr/conjoncture/les-salles-de-sport-face-a-la-vague-de-resiliations-des-anti-passe-on-nous-traite-de-collabos-20210723

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