JFK: l’homme au parapluie et la kabbale juive

Arton57698 Dd29bAbraham Zapruder, l’homme au parapluie et la malédiction des Kennedy.

Le Bâtiment Dal-Tex et Abraham Zapruder

Nous ne nous sommes pas attardés, dans le film Israël et le double assassinat des frères Kennedy réalisé par ERTV, sur l’aspect balistique du dossier JFK, jugeant suffisant de rappeler que la principale incohérence dans la thèse gouvernementale est qu’Oswald se trouvait dans le dos du président (dans le bâtiment du Texas School Book Depository), alors que le film d’Abraham Zapruder aussi bien que les témoignages des médecins de Dallas démontrent que la balle mortelle a frappé Kennedy de face, légèrement sur la droite, ce qui correspond également aux témoignages de tirs venant du fameux Grassy Knoll.

Il y a toutefois un détail intéressant à mentionner. Les meilleurs analystes des angles de tirs concluent que les premières balles tirées sur Kennedy provenaient du Dallas-Textiles Building (ou Dal-Tex). Le scénario le plus probable est donc que l’équipe du sniper principal se trouvait dans le Dal-Tex [1], tandis qu’une équipe de soutien se trouvait derrière la palissade du Grassy Knoll. Si tout s’était passé au mieux pour les assassins, Kennedy aurait été tué d’une balle venant du Dal-Tex. Ce bâtiment se trouvant à côté du Texas School Book Depository, la culpabilité d’Oswald n’aurait pas soulevé d’objection majeure, l’autopsie n’aurait pas eu besoin d’être falsifiée à l’hôpital de la Navy, et le film de Zapruder aurait pu être diffusé sans retouche le jour même. Mais le tireur Dal-Tex a manqué sa cible et n’a en tout cas pas atteint Kennedy à la tête. Le tireur du Grassy Knoll a alors dû intervenir. La principale incohérence du dossier, la preuve irréfutable du mensonge d’État, provient de là.

Or, le Dal-Tex Building était un haut-lieu du milieu d’affaire juif de Dallas (la ville comptant la plus importante communauté juive du Texas, rappelons-le). Il appartenait à David Weisblat, un financier de l’Anti-Defamation League, et à Morris Douglas Jaffe, pétrolier texan décrit comme « un ami et contributeur du président Lyndon B. Johnson » par le New York Times [2]. Un autre occupant du bâtiment était Morty Freedman, avocat militant des causes juives, et beau-frère du directeur exécutif du Dallas Citizens Council Sam Bloom mentionné dans le film. Était encore domiciliée au Dal-Tex, avec le même numéro de téléphone que Freedman, la Dallas Uranium & Oil Company, société écran probablement impliquée dans la contrebande de matériaux et de technologie nucléaire vers Israël.

Enfin, le Dal-Tex était surtout le siège social de l’entreprise de vêtement féminin d’Abraham Zapruder, l’homme qui captura l’assassinat du président en film 8 mm. Ses bureaux occupaient les quatrième et cinquième étages du Dal-Tex. Zapruder était membre du Dallas Citizens Council qui avait sponsorisé et organisé le voyage de Kennedy, et qui semble avoir été une sorte de vitrine locale du B’nai B’rith.

Parmi les sujets de satisfaction de la famille Zapruder, signalons que non seulement il vendit son film pour 150 000 dollars au magazine Life en 1963, mais qu’en plus, en 1999, ses descendants touchèrent 16 millions de dollars d’indemnité de la part du gouvernement, en raison de la saisie et rétention prétendument illégale du film par le FBI le 22 novembre 1963 (voir l’article du Los Angeles Times).

L’homme au parapluie

Tournons-nous maintenant vers un détail intriguant capturé sur le film de Zapruder : « l’homme au parapluie ». Et pour introduire le sujet, rien ne vaut cette interview de Josiah Thompson filmée par Errol Morris pour le New York Times à l’occasion du 48e anniversaire de l’assassinat de John :

Une traduction ERTV :

Le motif du parapluie de Chamberlain et sa signification sont un peu oubliés aujourd’hui, mais étaient encore assez bien connus dans les années 1960. Non seulement le Premier ministre britannique Neville Chamberlain n’était jamais représenté sans son parapluie dans les dessins satiriques, mais, par métonymie, son parapluie devint le symbole même de l’apaisement avec Hitler. Selon son biographe Robert Caro, Johnson lui-même accusa Kennedy d’être le fils d’un « Chamberlain umbrella man » qui pensait que « Hitler avait raison » [3].

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L’interview filmée de Josiah Thompson est intéressante parce que, en plus de résumer les faits, elle illustre la dissonance cognitive que ces faits provoquent, conduisant des gens raisonnables à adopter une explication improbable mais rassurante, plutôt qu’une autre plus logique mais terriblement inquiétante. Thompson admet donc comme allant de soi que le message de l’homme au parapluie et l’assassinat de JFK sont sans rapport, et que s’ils ont eu lieu exactement au même endroit et au même moment, c’est en raison d’une pure coïncidence quantique. En s’accrochant à cette idée, Thompson est visiblement soulagé de ne pas avoir à entrer dans des « théories du complot ».

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’en réalité, l’idée d’un lien concret entre l’assassinat de John en 1963 et la politique d’ « apaisement » de son père en 1938 a depuis longtemps été injectée dans la culture américaine par le double mythème des « péchés du père » et de la « malédiction des Kennedy », qu’illustrent par exemple ces deux livres retentissants, traduits en de nombreuses langues, et très représentatifs de l’acharnement à déshonorer les Kennedy par des torrents de calomnies :

Les « péchés du père » sont une référence peu discrète à Exode 20,5 :

« Moi, Yahvé, ton dieu, je suis un dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants pour ceux qui me haïssent. »

Le principal péché de Joseph Kennedy, père de John et Robert, est d’avoir été « un antisémite avéré et un partisan de l’apaisement avec Hitler », selon le résumé de l’éditeur du livre de Kessler (version américaine). Le livre rappelle que, selon des documents allemands déclassifiés en 1949, l’ambassadeur allemand à Londres, Herbert von Dirksen, avait rencontré en 1938 son homologue américain, Joseph Kennedy, et en avait retenu que celui-ci « comprenait entièrement notre politique juive », et était « le meilleur ami de l’Allemagne à Londres » [4].

La « malédiction des Kennedy » est une tentative quasi cabalistique d’expliquer comment les Kennedy se sont trouvés sur « une trajectoire de collision fatale avec la réalité » parce qu’ils avaient « commis l’erreur fatale de s’imaginer divins ». Par implication, leurs assassinats sont à mettre sur le compte de « leur comportement autodestructeur » (their self-defeating behavior), selon le résumé de l’éditeur du livre de Klein (version américaine). Klein rapporte en introduction que, « selon une histoire racontée dans les cercles mystiques juifs » (probablement une invention de Klein), la malédiction des Kennedy remonterait à un incident sur un transatlantique transportant Joseph Kennedy et le rabbin Israel Jacobson avec six de ses disciples. L’ambassadeur s’étant plaint qu’ils célébraient Roch Hachana sur le pont, le rabbin lui aurait « lancé une malédiction condamnant toute sa progéniture mâle à un destin tragique. »

Ces deux refrains de hasbara évoquent la notion d’une punition divine. John et Robert Kennedy, mais aussi le fils de John et d’autres encore, auraient été punis pour les péchés du patriarche « antisémite » et « pro-nazi ». C’est la notion de vengeance juive qui est sous-jacente, mais elle n’est suggérée que sous une forme religieuse, magique ou kabbalistique : c’est Yahvé qui se venge, en quelque sorte.

Avec l’homme au parapluie, ce message prend une dimension concrète. Mais c’est là le problème : à moins de croire que Yahvé ait inspiré à Louie Witt sa « mauvaise blague » (comme il l’a qualifiée dans son témoignage devant la commission sénatoriale), nous voilà propulsés dans une hypothèse si contraire à la bien-pensance, si outrancièrement complotiste, qu’à peine a-t-elle effleuré l’esprit, elle est refoulée comme une pensée honteuse (comment peut-on croire des juifs capables d’une chose pareille !). D’où le dilemme : il faut choisir entre une coïncidence logiquement invraisembable, ou une idée moralement impensable.

Pour ma part, je préfère raisonner en partant du principe que l’homme au parapluie n’était pas là par hasard. Certains pensent qu’il était un complice des tueurs et que l’explication donnée en 1978 par Witt (qui n’était peut-être pas l’homme au parapluie) n’est qu’une diversion. En ouvrant son parapluie, l’homme signalait au tireur l’approche de la limousine, ou bien au chauffeur le moment de ralentir (selon de nombreux témoignages, la limousine s’est pratiquement arrêtée après les premiers coups de feu, ce que les retouches sur le film de Zapruder occultent), ou encore, au tireur du Grassy Knoll que Kennedy était encore vivant. La théorie de « l’homme signal », adoptée par le réalisateur Oliver Stone pour son film JFK, est évidemment plus crédible que celle du parapluie à fléchette que Thompson préfère mentionner pour sa plus grande satisfaction. Mais je dois dire que je ne la trouve pas très satisfaisante. Je ne peux me convaincre que des snipers professionnels aient utilisé un complice aussi voyant.

Je penche donc pour l’autre hypothèse : Witt est bien l’homme au parapluie et son explication est sincère. Cela ne signifie pas nécessairment que Louie Witt soit un agent sioniste, un sayan. Une opération comme l’assassinat de JFK est orchestrée sur le principe need-to-know : chacun ne sait que ce qu’il doit savoir. Witt déclara à la commission sénatoriale de 1978 qu’il n’appartenait à aucune organisation, et que l’idée de son geste lui a été suggérée durant une conversation à son travail à la Rio Grande National Life Insurance Co. in Dallas. Il serait intéressant de savoir si, par exemple, la conversation avait eu lieu dans le bureau de son patron juif, peut-être membre du Dallas Citizens Council comme Abraham Zapruder.

Mais peu importe au fond : même en admettant que l’homme au parapluie était un complice des tireurs et que Witt n’était pas cet homme, il reste à expliquer pourquoi Louie Witt se serait rendu à la commission sénatoriale pour leur raconter une histoire dont l’effet est de connecter dans l’esprit du public l’assassinat de John Kennedy et la compromission de son père avec Hitler. Quelle que soit l’interprétation des faits, le message a été transmis au public (sinon à JFK), par l’intermédiaire de Louie Witt, que JFK est mort pour « les péchés du père ».

L’idée que ce même message ait été transmis à John Kennedy au moment de son exécution publique me semble plausible, et conforme à l’idée que je me fais aujourd’hui de la mafia non sicilienne dont faisaient aussi partie Jacob Rubenstein et son parrain Mickey Cohen.

Dans cette hypothèse, ce n’est pas par hasard que l’homme au parapluie a été immortalisé sur le film d’Abraham Zapruder. C’était aussi un message crypté pour la postérité. Ce serait un peu l’équivalent de l’écriture sur le mur du lieu d’exécution du Tsar et de sa famille le 17 juillet 1917 : « Belsatzar ward in selbiger Nacht / Von seinen Knechten umgebracht » (« Dans la même nuit Balthatsar fut assassiné par ses serviteurs », une citation du poème Belsazar de Heinrich Heine sur le thème de Daniel 5, modifiée de façon à accentuer l’identification du tsar avec l’empereur babylonien Balthazar, dont la mort est prédite par l’écriture sur le mur interprétée par Daniel). Dans les deux cas, le message dit : le roi goy vient d’être assassiné, et c’est une vengeance juive.

Le parallèle n’est pas exagéré : il est souvent dit que les Kennedy incarnaient pour les Américains l’idée de la royauté, à tel point que le nom de la cour du roi Arthur, Camelot, s’était attaché à leur légende. Cette aura royale qui flotte autour des Kennedy est évidemment liée à leur catholicisme, car le puritanisme, ne l’oublions pas, est fondé sur le régicide. De ce point de vue, le triple assassinat du président Kennedy, de son jeune frère et de son fils unique est un peu l’équivalent aux États-Unis de l’extermination de la famille Romanov dans la Russie orthodoxe. C’est pourquoi je crois que, tout comme la Russie avec le culte religieux du tsar et de sa famille, l’Amérique ne pourra être sauvée spirituellement que si, ayant ouvert les archives, elle rend justice aux Kennedy et les honore en tant que martyrs nationaux d’une puissance étrangère.

Mais de même que la vénération pour le tsar s’accompagne nécessairement en Russie d’une prise de conscience de la nature profonde du bolchevisme, à mesure que les Américains prennent conscience que l’assassinat des frères Kennedy fut un véritable coup d’État sioniste qui a corrompu en profondeur leur pays, leur image de la Seconde Guerre mondiale se modifie en conséquence.

Les Kennedy incarnaient une tradition démocrate à la fois progressiste et isolationiste, dont Roosevelt scellera le cercueil. Non seulement Joseph Kennedy avait, de son propre chef, soutenu les accords de Munich signés par Chamberlain, mais, après l’entrée en guerre de l’Angleterre, il avait tout fait pour dissuader Roosevelt d’entrer en guerre à son tour. Dans un télégramme du 11 septembre 1939, il flattait l’orgueil de ce dernier en lui déclarant qu’il pouvait entrer dans l’histoire comme « sauveur du monde » en offrant aux belligérants un plan de paix. Roosevelt lui répondit le jour même qu’il « ne voyait aucune possibilité ou occasion pour le président des États-Unis d’initier une proposition de paix. » [5]

Bien d’autres Américains patriotes s’opposèrent à la propagande de guerre de l’administration Roosevelt, et furent pour cela victimes de campagnes assassines de la grande presse. Ce fut par exemple le cas de Charles Lindbergh, transformé du jour au lendemain de héros national présidentiable en pestiféré pour avoir mentionné en octobre 1940 que les juifs étaient parmi les agitateurs bellicistes qui poussaient l’Amérique dans une guerre inutile.

Le 11 mai 1962, John et Jackie organisèrent une grande réception à la Maison-Blanche. À la stupeur générale, Charles Lindbergh et son épouse, qui vivaient reclus depuis des années, firent leur apparition parmi les invités de marque. Ils dînèrent à la table présidentielle et dormirent à la Maison-Blanche. On peut difficilement imaginer symbole plus fort de la loyauté de John à la politique de son père. C’était un signe que la roue tournait, et que l’histoire allait pouvoir être écrite de manière plus sereine et équilibrée. L’assassinat de John enraya et inversa ce mouvement. Bientôt allait apparaître, en même temps que l’expansion d’Israël, le culte ténébreux de la Shoah, associé à l’hagiographie de Roosevelt et de Churchill.

Je sais que certains lecteurs penseront qu’inversement, je verse dans l’hagiographie Kennedy. Je précise donc mon point de vue : il ne s’agit pas de considérer les Kennedy comme des surhommes, ni même comme irréprochables, mais de reconnaître que le destin qu’ils ont assumé avec honneur, jusqu’au sacrifice, possède une dimension historique et collective, indissociable du destin de leur nation.

Par ailleurs, même si les Kennedy avaient leur part d’ombre, il faut aussi savoir que celle-ci a été démesurément gonflée par une véritable industrie de livres anti-Kennedy. Israël n’a pas fait qu’assassiner physiquement les Kennedy. Israël continue inlassablement d’assassiner leur mémoire par un flot incessant d’ordures jetées sur leur tombe. Le meilleur exemple est le pseudo-biographe David Heymann, qui, après avoir travaillé pour le Mossad en Israël (de son propre aveu), n’est retourné aux États-Unis que pour écrire des biographies salaces sur les Kennedy entièrement basées sur des rumeurs qu’il fabrique lui-même, y compris le dégoûtant Bobby and Jackie : A Love Story et, pour finir un livre, délirant basé sur des confidences que John Jr. lui aurait faites personnellement peu avant sa mort. Ce n’est qu’un exemple. Toute personne désireuse de s’informer sur les Kennedy doit être consciente que le marché est saturé de livres principalement destinés à salir la mémoire des Kennedy. Ainsi, la rumeur sur les activités mafieuses de Joseph Kennedy, à laquelle j’ai longtemps cru, n’a aucun fondement solide, sinon le fait qu’il racheta une compagnie anglaise de whisky peu avant la fin de la Prohibition. Celles sur les infidélités conjugales de John ont été également très exagérées dans le but de le dépeindre comme un obsédé sexuel. John aimait les femmes belles et intelligentes, c’est indéniable, mais ce n’était pas un dépravé. Jackie l’aimait profondément, et a souvent dit que leurs trois années à la Maison-Blanche ont été les plus heureuses de leur couple. Quelle plus belle preuve de son amour que sa réaction sous les coups de feu à Dallas, lorsque, au lieu de se protéger, elle se penche sur John, puis, après la balle fatale, se précipite pour rattraper la partie du crâne de son mari éjecté vers l’arrière de la voiture ?

Laurent Guyénot

Notes
[1] La thèse a d’abord été développée par Harold Weisberg dans Whitewash, paru en 1965.

[2] Article reproduit ici par Jim Phelps : http://educationforum.ipbhost.com/t…

[3] Robert Caro, The Years of Lyndon Johnson, vol. IV : The Passage of Power, Alfred Knopf, 2012, p. 104.

[4] Edward Renehan Jr., “Joseph Kennedy and the Jews”, History News Network ; Kellen Perry, “The Dark Side Of Joe Kennedy Sr.” allthatsinteresting.com, 17 avril 2017.

[5] John Weir, Germany’s War : The Origins, Aftermath and Atrocities of World War II, American Free Press, 2014, chapitre 2, sur https://www.unz.com/book/john_wear_…

Source : https://www.egaliteetreconciliation.fr/Abraham-Zapruder-l-homme-au-parapluie-et-la-malediction-des-Kennedy-57698.html



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