Climat: le consensus n’est pas la science

Comment douter d’un « consensus »

Vous n’avez pas besoin d’être un « négationniste ». Il suffit juste de lire les petits caractères dans leurs propres publications, et comprendre les limites de la science.

Il y a une excellente occasion en ce moment pour observer le comportement d’un consensus scientifique. D’une part, une grande majorité des scientifiques atmosphériques rapportent une quasi-certitude que le climat se réchauffe, et que l’homme en est la cause. Ce consensus atteint des proportions internationales, motivant des conférences mondiales sur la façon d’atténuer les changements catastrophiques qu’ils prédisent, tels que la hausse du niveau des mers, la sécheresse et les extinctions d’espèces. Les traités sont en cours d’écriture qui pourraient avoir des effets drastiques sur les économies nationales et le commerce – parce que le consensus scientifique dit qu’une catastrophe arrive si nous n’agissons pas. Ils s’appuient généralement sur l’autorité de la science pour assoir leur confiance.

D’autre part, il y a un mouvement important en dehors du consensus. Appelé de manière désobligeante « négationnistes » par le consensus, ce groupe comprend des scientifiques et des militants qui, juste avec autant de confiance, critiquent la base scientifique servant à blâmer les humains pour le réchauffement climatique. Fait intéressant, les deux groupes opposés sont largement divisés selon des lignes politiques: gauchistes pour le consensus, gens de droite contre lui. Certains à l’extrême de ce groupe trouvent des preuves d’une conspiration de l’autre côté (par exemple, le changement de nomenclature quasi-soudain il y a quelques années du « réchauffement climatique » au « changement climatique, » le biais de financement, la participation de l’ONU et des ONG de gauche, etc.). Qu’est-ce qu’un citoyen doit croire ?

Incidemment, la Floride, la Caroline du Nord, la Louisiane et le Tennessee ont interdit l’utilisation du terme « changement climatique » par les agents de l’environnement de l’État, selon Live Science. La reporter Tanya Lewis appelle cela une « tentative de mettre en doute la science du climat établie dans les salles de réunion et les salles de classe, » montrant son parti pris pro-consensus.

L’objectif de cette entrée n’est pas de prendre position sur la question centrale (savoir si l’homme en est la cause, si le réchauffement se produit), mais d’enquêter sur la façon dont elle est rapportée et, à un niveau plus profond, de voir si c’est une question pour laquelle on peut être confiant (voir « Quelle est la température de la Terre? », 15/01/15). Le consensus est souvent si fort, que certains de ses défenseurs pensent que les « négationnistes » devraient être réduits au silence. Pourtant, leur confiance est parfois difficile à concilier avec les rapports troublants sur des détails se rapportant à la théorie. Le consensus est-il un château de cartes ? Les extraits suivants proviennent de sources faisant confiance au consensus suivant:

1. Les émissions de CO2 pourraient avoir stagné en 2014 – pourquoi ? (New Scientist). Les émissions mondiales de CO2 stagnent malgré la croissance économique: AIE (PhysOrg, BBC News). Sans intervention humaine significative, les émissions de dioxyde de carbone de l’année dernière ont diminué. Cela a obligé les scientifiques du climat à chercher des hypothèses auxiliaires afin d’expliquer pourquoi. Les scientifiques du consensus appellent cela encourageant, mais disent qu’il n’y a pas de place pour la complaisance. D’autres ont essayé de lier les stagnations précédentes avec les ralentissements économiques. Certains disent que les initiatives de la Chine doivent marcher. Si cela est vrai, quelle action supplémentaire est nécessaire ? PhysOrg dit que la Chine est à la traîne en matière de pollution.

2. L’interaction des oscillations Atlantique et du Pacifique a causé une « fausse pause » dans le réchauffement (Science Daily). Oui, il y a eu une pause de 15 ans dans la hausse des températures, reconnaissent les climatologues de Penn State, mais « Elles ne signalent pas un ralentissement dans le réchauffement climatique d’origine humaine. » Ce hiatus faisait juste partie des « oscillations naturelles, » disent-ils. Un des experts dans l’article est Michael Mann, accusé par les sceptiques du climat de manipulation des données pour faire que son fameux schéma « crosse de hockey » supporte le consensus. Science Magazine admet aussi le hiatus et a appuyé la nouvelle explication. Un autre article dans Science Magazine assure les lecteurs que le hiatus est sur le point de s’achever. S’ils ne s’attendaient pas au hiatus, comment peuvent-ils prévoir sa fin ?

3. Changement climatique: le réchauffement climatique pourrait accélérer (Nature). « Le taux de réchauffement de la planète pourrait plus que doubler au cours des prochaines décennies, alors que l’effet de serre s’accumule dans l’atmosphère de la Terre, » avertit ce court article dans Nature, sur la base de simulations effectuées dans le Maryland par les climatologues. Ils sont encore plus précis: « L’Arctique, l’Europe et l’Amérique du Nord verront probablement une augmentation plus importante des taux de réchauffement que la moyenne mondiale. » Comment cela pourrait-il être testé sans attendre 40 ans ? Les sceptiques pourraient se plaindre que ceci est une tactique terroriste. Les modèles ont été notoirement peu fiables, ne tenant pas compte de diverses inconnues – et un nombre inconnu « d’inconnues inconnues ». Par exemple, Science Daily a rapporté que « de petits tourbillons produisent des effets mondiaux sur les changements climatiques, » et ces effets – non auparavant considérés – étendent la capacité de refroidissement des océans, »retardant efficacement les impacts du réchauffement climatique. » Quels sont les autres facteurs qui n’ont pas été pris en compte dans les modèles qui sont, au mieux, des simplifications de la réalité ?

4. Le niveau d’éducation en science climatique n’a pas de rapport avec l’acceptation publique du réchauffement climatique d’origine humaine (PhysOrg). Les partisans du consensus ne peuvent accuser les négationnistes d’être ignorants. « Les divisions publiques profondes sur le changement climatique ne sont pas liées à des différences dans la façon dont les citoyens ordinaires comprennent les preuves scientifiques sur le réchauffement climatique », commence l’article. « En effet, les membres du public qui obtiennent le meilleur score en science climatique sont les plus polarisés politiquement sur la question de savoir si l’activité humaine est à l’origine de la hausse des températures mondiales. »

5. Le leadership climatique en question alors que le dirigeant du GIEC démissionne (Nature). « Le président Rajendra Pachauri se retire au milieu d’allégations de harcèlement sexuel. » Alors que l’inconduite sexuelle n’a rien à voir avec les données scientifiques sur le climat, c’est une question de personne. Cette révélation crée un climat de méfiance quant à l’intégrité de l’homme au sommet du GIEC qui prétendait assurer au monde que les humains sont blâmables pour le réchauffement de la planète.

6. Évoluer pour faire face au changement climatique (Science Daily). Est-il vraiment possible de dire si quelques poissons dans un laboratoire peuvent dire quelque chose au sujet de leur capacité à s’adapter aux changements climatiques proposé dans deux siècles à partir de maintenant ? Qui sera là pour leur donner raison ou tort ? Ce genre de raisonnement tiré par les cheveux rend difficile pour les sceptiques du climat de prendre au sérieux le consensus. Des expériences pourraient être concoctées pour prouver l’une ou l’autre position.

7. Nouvelle méthode de comptabilisation du carbone proposée (Science Daily). Des chercheurs de l’Université de Lund soulignent une mesure trompeuse de l’assainissement du climat. « Dans certains cas, les pays sont même récompensés pour les politiques qui augmentent les émissions mondiales, et punis pour les politiques qui contribuent à les réduire », commence l’article. « La comptabilisation fondée sur la consommation, aussi connue comme l’empreinte carbone, a été proposée comme une alternative à la comptabilisation de la production d’aujourd’hui. » Dans quelle mesure cela altère les conclusions tirées des anciennes méthodes ?

8. Les sciences de la Terre ne sont pas des sciences dures, déclarent les républicains du Congrès (Science Magazine). Dans un débat qui porte sur la philosophie de la taxonomie, Jeffrey Mervis cite des partisans des deux camps en faisant valoir que les sciences de la Terre sont, ou ne sont pas, des « sciences dures. » La réponse à cette question influerait évidemment sur la confiance du consensus climatique, mais l’article est plus préoccupé par l’impact sur le financement futur.

9. La manipulation climatique n’est plus marginale (PhysOrg). Le titre implique que ceux qui veulent manipuler le climat ont été, jusqu’à récemment, considérés comme « marginaux » (comme leurs sceptiques ont été ainsi nommés). Porter le sujet jusqu’à la National Academy of Sciences change-t-il la « discussion sur la controverse au sein de la communauté de la scientifique » ? David Keith, un militant climatique, présente ses idées pour surmonter les obstacles politiques et sociaux à la géo-ingénierie. C’est justement ce genre de manipulation de la nature par la « gouvernance mondiale » qui dérange beaucoup de gens.

10. Celui dont le bœuf est encorné: Récemment, un démocrate du Congrès a commencé à étudier le financement du sceptique du climat Willie Soon de Harvard. Ceci a rappelé aux rédacteurs de Nature une affaire similaire mais inverse par un républicain il y a plusieurs années. Ils ont mis en garde contre les enquêteurs des deux partis allant à la pêche afin de contester les motivations des scientifiques des deux bords. « Les scientifiques doivent voir leurs sources de financement comme l’information publique qui sont toujours susceptibles d’être soumise à l’examen, et agir en conséquence, » ont reconnus les rédacteurs. « Mais quand les politiciens cherchent à sonder au-delà des sources possibles d’influence extérieure sur le travail publié et tentent de révéler les discussions internes qu’ils trouvent inconvenantes, cela envoie un message effrayant à tous les universitaires et au grand public. »

11. Le changement climatique a t-il conduit au soulèvement syrien? (Science Magazine). Le pouvoir de suggestion est appliqué dans un court article par Carolyn Gramling qui omet le facteur le plus important dans la politique syrienne: l’idéologie religieuse. Une corrélation que les auteurs de « une nouvelle étude » ont établie est limitée au Moyen-Orient, mais omet de considérer les soulèvements similaires en Afrique tropicale et en Indonésie. Elle ne tient également pas compte des initiatives pacifiques qui ont lieu dans des endroits aux climats similaires comme la Syrie. Tout philosophe devrait considérer avec méfiance de telles inférences douteuses.

12. Allons-nous combattre le réchauffement climatique, en dépit de notre nature ? (Science Live). Peut-être la conclusion la plus absurde de toutes est tirée de cet article de tribune libre de Raghu Murtugudde de l’Université du Maryland. Il tire des conclusions sur la nature humaine à partir de la théorie de l’évolution, puis demande si nous pouvons les surmonter. Si notre nature a évolué, cependant, à quel standard moral peut-il faire appel ? Par sa propre vision du monde, il est le résultat de forces évolutionnistes lui-même.

Tels sont les types de conclusions et revendications qui motivent le scepticisme à l’égard du consensus. Les données produites par un modèle ne sont pas capables, à elles seules, de permettre de tirer des conclusions. La création de modèles et leurs interprétations sont fait par des êtres humains faillibles qui sont soumis à diverses impulsions et influences extérieures à la science. Comme les articles ci-dessus le montrent, la politique et la croyance évolutionniste influent fortement sur les attitudes de consensus sur le changement climatique, et les réponses des sceptiques. Aux yeux de beaucoup, les scientifiques doivent agir en enquêteurs impartiaux qui rapportent les faits du mieux qu’ils peuvent. Comment ces faits sont traités implique inévitablement les politiciens et les contribuables.

Nous ne parlerions pas autant du débat « sur le changement climatique » si cela n’avait pas un rapport aussi clair avec la façon dont l’évolution darwinienne est dépeinte. Combien de fois avons-nous vu la tactique « tous les scientifiques sont d’accord » utilisée pour défendre Charlie ? Ces deux questions sont si vastes (impliquant l’ensemble de la planète dans leurs domaines) qu’elles ne peuvent être défendues de manière empirique sans hypothèses majeures. Les facteurs humains – qu’ils soient politiques, moraux ou spirituels – doivent aussi être pris en compte dans les modèles.

Il sera intéressant de voir si le climat se comporte comme le consensus s’y attend. Depuis 15 ans, il ne l’a pas fait. « Attendez un peu ! » Disent les croyants. « Le hiatus est sur le point de se terminer ! » Mais ils n’ont pas pris en compte l’effet de refroidissement global de petits tourbillons (point 3 ci-dessus) et d’autres inconnues. Les orientaux, subissant tempêtes de neige après tempêtes de neige, grimacent en direction d’Al Gore. Il y a quelques années, le consensus climatique prédisait des ouragans records, mais ces derniers ont été inhabituellement calmes. Presque tous temps observables on été utilisés pour confirmer ou infirmer le réchauffement climatique. La réputation de « big science » est en jeu. Pour ceux intéressés par la philosophie des sciences, c’est en effet un cas intéressant à analyser. Nous devons tous nous rappeler cependant que le consensus ce n’est pas la science, et la science n’est pas le consensus. Sortez ce mot de la science; ça pue la politique. Suivez la preuve partout où elle mène. Le garde solitaire a parfois raison.

Source : http://crev.info/2015/03/how-to-doubt-a-consensus/



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