«Nous voulons la révolution en Italie»: après les Gilets jaunes, les Gilets orange

Un mouvement contestataire anti-euro est en train de prendre racine en Italie. Ses membres, vêtus de Gilets orange, ont récemment manifesté à plusieurs reprises en Italie. Ils demandent notamment la démission du gouvernement et le rétablissement de la lire, la monnaie nationale italienne qui avait cours avant l’euro.

«Liberté! Liberté!»

Sur la célèbre Piazza del Popolo de Rome, le 2 juin, jour de la fête nationale italienne, des centaines de manifestants, dont la plupart portaient des Gilets orange, scandaient des slogans antigouvernementaux et anti-Union européenne.

Très critiquée durant la crise du coronavirus pour ce que beaucoup d’Italiens ont pris pour un manque de soutien, Bruxelles est honnie par ces contestataires tout d’orange vêtus. Le fait que l’Italie devrait largement bénéficier des centaines de milliards d’euros mis sur la table par l’Union européenne afin de lutter contre la crise ne semble pas calmer ces manifestants.

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​«J’ai une entreprise avec 30 employés dont 20 sont au chômage technique. Ils n’ont pas touché un euro depuis trois mois, comment vont-ils manger?», lançait le 30 mai à Rome Nicola Franzoni, organisateur d’un rassemblement.

«Nous ne voulons plus de cette Italie ni de cette Europe», a-t-il ajouté, rappelant que des milliers d’entreprises luttaient pour leur survie.

Le 30 avril, le service économique de l’ambassade de France en Italie faisait état de la catastrophe dans sa «Lettre économique et financière»: «La suspension des activités et les restrictions de circulation ont fermé près d’une entreprise sur deux –majoritairement des petites entreprises artisanales– et mis à l’arrêt 8 millions d’emplois.»

Réputation sulfureuse

Créé en 2019 par un ancien général des carabiniers à la retraire nommé Antonio Pappalardo, le mouvement des Gilets orange commence à sérieusement faire parler de lui en Italie. Pour le moment, il n’a pas fait d’émules en politique. Son leader s’est présenté aux élections régionales dans le centre de l’Italie, en Ombrie, mais n’a pas réussi à récolter le moindre siège. Mais la radicalité de certains de ses membres inquiète, dans un pays déjà fragilisé avant la crise et qui devrait payer un très lourd tribut économique et social. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la Botte fait partie des pays les plus affectés économiquement par la crise, en compagnie de l’Espagne… et de la France.

«L’Espagne, l’Italie et la France font partie des pays les plus affectés» avec une chute de leur valeur ajoutée «de plus de 30 points», précise l’OFCE.

Avec plus de 33.500 morts, l’Italie a non seulement terriblement souffert au niveau sanitaire, mais également financier. Le confinement imposé durant trois mois –de début mars à début mai– a eu des effets dévastateurs sur l’économie du pays.

Citée par La Croix, Paola Monperrus-Veroni, économiste au Crédit Agricole, responsable du pôle zone euro, souligne la gravité de la situation: «Croissance faible, chômage élevé, démographie vieillissante et faible productivité: le pays n’avait pas encore recouvré son niveau d’avant la crise de 2008 qu’il a dû faire face à un nouveau choc.» La Banque centrale européenne, dans un rapport sur la stabilité financière publié le 26 mai, a même évoqué une «augmentation de l’évaluation par le marché du risque de redénomination». En d’autres termes, une sortie de l’euro pour les pays les plus endettés et de facto un retour aux monnaies nationales.

Le retour à la lire, c’est justement l’une des revendications phares des Gilets orange. De même que la démission du gouvernement dirigé par Antonio Conte, ainsi que la tenue d’élections anticipées afin d’élire un nouveau Parlement.

Les Gilets orange sentent le souffre de l’autre côté des Alpes. Ils sont notamment critiqués pour des propos qualifiés d’extrêmes par leurs opposants. Antonio Pappalardo remet d’ailleurs en cause la réalité de l’épidémie de coronavirus et pense que «les masques et les vaccins sont dangereux». Certains sympathisants des Gilets orange affirment que la crise actuelle est orchestrée par la finance internationale ou que le but des gouvernements est de limiter les libertés individuelles afin de mettre en place un système despotique. Les plus radicaux veulent renverser la table et n’hésitent pas à le clamer, comme ce manifestant à l’AFP le 30 mai dernier:

«Nous voulons la révolution en Italie, le gouvernement Conte ne nous plaît pas.»

Se déclarant ni à droite ni à gauche, le mouvement a pourtant été catalogué par plusieurs médias transalpins comme proche de CasaPound. Si certains militants de ce mouvement jugé comme néo-fasciste par une partie de la presse ont manifesté en même temps que les Gilets orange le 30 mai à Rome, Simone di Stefano, leader de CasaPound, a assuré qu’il n’y avait «aucune coordination entre CasaPound et les Gilets orange de Pappalardo».

Matteo Salvini critiqué

Les opposants aux Gilets orange critiquent également vertement l’organisation de manifestations regroupant des centaines de personnes dans plusieurs villes comme Rome, Milan, Turin, Florence ou la Sicilienne Palerme.

À l’instar de la France, les rassemblements publics d’importance ne sont toujours pas autorisés en Italie afin d’endiguer la propagation du Covid-19. Les images de ces manifestations ou personne ne respectait les gestes barrières ont attiré les foudres de plusieurs personnalités, notamment du maire de Milan, Giuseppe Sala. L’édile a qualifié le rassemblement qui a récemment eu lieu dans sa ville d’«irresponsable». Il a notamment demandé au préfet de police de traduire en justice les individus à l’initiative de la manifestation:

«J’ai demandé au préfet de dénoncer les organisateurs de la manifestation des soi-disant Gilets orange. Un acte irresponsable dans une ville comme Milan, qui tente laborieusement de sortir de la situation difficile dans laquelle elle se trouve», a-t-il lancé sur Twitter.

Même son de cloche du côté de Marco Fumagalli, porte-parole du Mouvement 5 étoiles en Lombardie. «Si demain les infections augmentent, qui en sera responsable?», a-t-il déclaré de manière rhétorique dans des propos relatés par l’agence de presse Ansa.

​Alessia Rotta, journaliste et députée du Pari démocrate (PD) s’est montrée encore plus offensive. Elle a dégainé son clavier pour s’en prendre aux Gilets orange via Twitter:

«Voici la place des Gilets orange que Salvini et Meloni voudraient représenter. Complotistes, antivaccins, négationnistes. La dame a raison, l’école est importante précisément pour éviter la dérive politique et culturelle dont elle est la parfaite représentante.»

Son tweet faisait référence au discours prononcé par une sympathisante des Gilets orange lors d’un rassemblement du mouvement. Alessia Rotta faisait également référence à Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), classé à droite, ainsi qu’à Matteo Salvini, ex-ministre de l’Intérieur.

Concernant ce dernier, l’ambiance ne semble pourtant pas au beau fixe entre le patron de La Ligue et Antonio Pappalardo. Le leader des Gilets orange s’en est pris à plusieurs reprises à Matteo Salvini. Le 2 juin il l’a notamment accusé de lui avoir «volé» une interview. La bataille pour la tête des souverainistes italiens a débuté.

Source : https://fr.sputniknews.com/international/202006051043904631-nous-voulons-la-revolution-en-italie-apres-les-gilets-jaunes-les-gilets-orange/

Article sur le même sujet : http://www.parolesdedieu.fr/gilets-oranges-les-italiens-succedent-aux-gilets-jaunes-francais/



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