« Je ne peux plus être catholique romain »

Témoignage de Gabriel Millon (1894-1985), ex-prêtre de l’Ordre des Carmes, Docteur ès-Lettres et Professeur d’Écriture Sainte et d’Hébreu, qui a rédigé de nombreux cours sur une grande variété de sujets :

« Je ne peux plus être catholique romain, parce que je ne marche plus dans la même direction que Rome. Le catholicisme est le résultat d’une longue évolution où bien des erreurs se sont mêlées à des vérités incontestables. Cette évolution, longtemps inconsciente, a pris une direction précise. Le catholicisme s’est lié lui-même. Il ne peut plus marcher, sans se renier, dans une autre direction que celle qu’il a irrévocablement prise. Or, cette évolution l’éloigne chaque jour de la doctrine du Christ et des apôtres.

Je ne peux plus être catholique romain, parce que je ne puis affirmer
un dogme qui ne reçoit pas le témoignage des Écritures. Tout ce qui est de Christ reçoit ce témoignage, comme Christ l’a reçu lui-même. Étayer la tradition par l’autorité de l’Église et l’autorité de l’Église par la tradition n’est qu’un cercle vicieux.

Je ne peux plus être catholique romain, parce que la doctrine du Christ est infiniment plus riche que la théologie catholique. Cette théologie semble riche par l’accumulation des opinions, des considérations rationnelles dont le dogme est enveloppé. Cela ne dissimule pas sa pauvreté. C’est une expérience merveilleuse que l’on peut faire lorsqu’on livre sa pensée à Christ, et qu’on voit apparaître l’extrême richesse de la pensée de Dieu… Que la « Somme théologique » est pauvre !
On peut parler de la pauvreté catholique : « Tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu ». (Apocalypse 3:17)
Je ne peux plus être catholique romain, parce que Rome assigne à la vie spirituelle un terme qui n’est pas celui imposé par Christ. Ce que Rome appelle la « perfection » ne correspond pas à ce que l’apôtre Paul appelle « l’homme accompli », capable de discerner le bien et le mal, le vrai et le faux. Une telle maturité, un tel discernement sont impossibles dans le catholicisme, où l’erreur et même le mal sont imposés… Malgré les « saints » dont elle se pare, Rome ne peut pas former autre chose que des « enfants » du point de vue spirituel. Sa spiritualité est découronnée.

Je ne peux plus être catholique romain, parce que je ne puis
m’associer à ses relations avec les puissances des ténèbres. Non seulement Rome cherche ses appuis dans le monde, mais elle cherche des appuis dans ses relations avec les morts. Autour du culte des « saints » et de la prière pour les morts, un formidable système spirite s’est organisé… C’est un des péchés qui provoquèrent la destruction de Canaan…

Et, si j’ai quelque chose à dire à mes frères qui sont encore dans les liens de Rome, ce n’est pas pour les inviter à venir s’asseoir sous les ombrages d’un Calvin ou d’un Wesley, mais à y passer pour aller jusqu’au maître. Il faut que la « Réforme » recommence, après trois cents ans de stagnation et de décomposition, et que, dans un rejet aussi résolu des erreurs catholiques que des erreurs protestantes, des traditions catholiques que des traditions protestantes, elle retrouve dans l’absolu de la volonté de Dieu, la puissance de remettre en marche les foules qui « sont assises à l’ombre de la mort » (Ésaïe 9:1). »



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