Les pesticides SDHI menacent directement nos cellules

Shutterstock 364038656 Tracteur Champ PesticidesUne étude du CNRS montre que les fongicides SDHI sont toxiques pour les cellules humaines.

Pourquoi c’est important

Nos cellules respirent grâce à des organites présents dans leur cytoplasme : les mitochondries, souvent qualifiées d' »usines énergétiques » des cellules. A partir des nutriments, les mitochondries fabriquent de l’énergie qui sera utilisée pour réaliser les réactions importantes pour la vie cellulaire.

La succinate déshydrogénase, ou SDH, est une enzyme de la chaîne respiratoire qui est présente dans la membrane des mitochondries. Elle forme un complexe très conservé au cours de l’évolution, qui sert au transport des électrons. Un mauvais fonctionnement de cette enzyme conduit à de graves maladies mitochondriales chez l’homme. Et si la SDH est complètement bloquée, des tumeurs peuvent apparaître.

Or il existe des pesticides fongicides qui ciblent la SDH de champignons parasites : les SDHI, ou inhibiteurs de l’enzyme SDH. Les SDHI sont autorisés en agriculture en France et ailleurs dans le monde, pour traiter des cultures de céréales ou pour conserver des fruits par exemple. Ils servent même à l’entretien des pelouses des golfs et autres terrains de sport et sont également pulvérisés sur les semences. Mais ces molécules sont-elles dangereuses pour l’homme ?

Ce que montre l’étude

Dans une étude parue dans la revue Plos One, des chercheurs du CNRS ont testé l’activité de huit molécules de SDHI sur la SDH de cellules provenant de quatre espèces très différentes : un champignon, un ver de terre, l’abeille et l’homme. Ils ont ainsi montré que les SDHI bloquaient l’enzyme de toutes ces cellules, y compris humaines. Ceci s’explique par le fait que la SDH présente une structure similaire dans ces différentes espèces, notamment au niveau du site ciblé par les fongicides SDHI.

Dans les cellules, les pesticides SDHI génèrent un stress oxydatif qui conduit à la mort cellulaire. Cependant, les auteurs signalent que l’on ne peut pas comparer les tests réalisés in vitro sur des cellules humaines à une exposition des humains dans la réalité. Malgré tout, ces résultats demeurent inquiétants. Les SDHI affectent aussi les animaux aquatiques, comme les poissons ou les amphibiens.

Les SDHI existent depuis des décennies. Le prédécesseur des molécules utilisées actuellement était la carboxine, qui agit elle aussi sur l’enzyme SDH. Il est prouvé depuis 1976 que la carboxine n’est pas spécifique des champignons et peut cibler la SDH des mammifères. Les auteurs en concluent : « ces travaux établissent que, comme la molécule précédente, la carboxine, tous les SDHI testés inhibent la SDH chez toutes les espèces considérées, mais avec une efficacité variable. » Le manque de spécificité de ces molécules est un problème majeur étant donné leur large utilisation.

Suite à cette publication, l’Anses a répondu à ces inquiétudes dans un communiqué daté du 8 novembre 2019. L’Agence rappelle qu’elle mène actuellement des travaux sur ces molécules pour mieux connaître leur toxicité.

En avril 2018, un collectif de scientifiques avait déjà publié une tribune dans Libération pour sonner l’alerte concernant l’utilisation des SDHI, ce qui avait poussé l’Anses à réunir un comité d’experts sur cette question. En janvier 2019, l’Agence avait conclu « à l’absence d’alerte sanitaire pouvant conduire au retrait des autorisations de mise sur le marché des fongicides SDHI. »

En pratique

11 molécules de SDHI sont autorisées en France dans différents produits phytopharmaceutiques utilisés dans l’agriculture conventionnelle. Pour éviter de retrouver des SDHI dans votre assiette, il vaut mieux se tourner vers des produits issus de l’agriculture biologique ou provenant d’une production locale que vous connaissez bien !

Manger un peu de miel bio chaque jour pourrait aussi aider à neutraliser la toxicité des pesticides.

Source : https://www.lanutrition.fr/les-pesticides-sdhi-menacent-directement-nos-cellules



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