Le CRIF, fer de lance du choc des civilisations

Après Manuel Valls, Marine Le Pen « sous influence juive » ? Les récentes déclarations de Roger Cukierman, le donnent en tout cas à penser. Si elles peinent à convaincre de l’irréprochabilité de la présidente du Front National, elles montrent en revanche, si besoin était, que celle-ci, à force d’allégeances à Israël, a désormais toute sa place dans le système politique dominant. Elles jettent également une lumière crue sur ledit système totalement acquis au modèle du choc des civilisations qui tient les « jeunes musulmans » pour « seuls responsables des violences commises aujourd’hui ».

Cette nouvelle saillie islamophobe du président du CRIF a bien provoqué quelques indignations mais rien qui puisse remettre en cause la sacro-sainte institution de son dîner annuel où l’équipe gouvernementale se voit littéralement dicter sa feuille de route par le lobby communautariste. Elle n’a pas gêné en tout cas François Hollande qui s’y est livré à un nouveau plaidoyer contre l’antisémitisme – en appelant notamment à un durcissement des sanctions à son encontre – sur fond de guerre contre le « terrorisme islamiste », répondant ainsi aux « inquiétudes » de Cukierman pour qui le djihadisme est le « nouvel ennemi de la France« . Les défections ont surtout été le fait de responsables associatifs musulmans – notamment le président du Conseil Français du Culte Musulman -, il est vrai les premiers visés par cette nouvelle croisade. Mais surtout, il faut avoir la mémoire bien courte pour s’offusquer de cette énième déclaration antimusulmane de la part d’une organisation qui a fait du rejet de l’Islam son fond de commerce.

Né il y a 70 ans, le CRIF représente officiellement la communauté juive auprès des pouvoirs publics. Mais il pratique surtout un lobbying intensif au service d’Israël, s’en prenant systématiquement à tous ceux qui critiquent la politique menée par l’État hébreu, à droite mais surtout à gauche. En février 2009, le Parti Communiste Français s’est vu accusé de soutenir le Hamas (qualifié de mouvement terroriste) à cause de sa participation aux manifestations de soutien à Gaza, à la suite de quoi Marie-Georges Buffet ne fut plus invitée au dîner annuel, une première depuis l’instauration de cette institution en 1985. Les Verts sont mis dans le même sac en raison de leur engagement pourtant bien timide en faveur de la cause palestinienne et également exclus de la grand-messe sioniste. Quelques années auparavant, Roger Cukierman avait dénoncé une alliance « rouge-brun-vert » regroupant en plus des Verts, la LCR, la Confédération paysanne et Lutte Ouvrière, en gros tous ceux à gauche de la gauche qui défendent peu ou prou la cause palestinienne. Jean-Luc Mélenchon s’était aussi attiré les foudres de l’officine sioniste pour cause de désertion du camp occidental et d’insoumission vis-à-vis des diktats de la communauté organisée. En cause, une tirade de l’ex-coprésident du Parti de Gauche où celui-ci s’en prend à la violence du colonialisme israélien au moment de l’agression contre Gaza de l’été dernier.

Soucieuse de l’image médiatique d’Israël, le CRIF s’est employé à dénoncer la diffusion par Canal + d’une production jugée « anti-israélienne » en appelant à manifester devant son siège. La fiction incriminée, « The promise » (Le serment en Français), n’est pourtant basée que sur des faits réels…

Mais l’action politique du CRIF ne se limite pas à ce lobbying identitaire et sioniste. Cette organisation a faite sienne la théorie du choc des civilisations qui assimile le camp judéo-chrétien à une citadelle assiégée par le monde arabo-musulman, thème d’un documentaire israélien sur la  « menace islamique en Europe » que l’on trouve sur son site. Elle a aussi soutenu en son temps le journaliste islamophobe Robert Redeker. Dans sa volonté d’affaiblir le camp adverse, elle fait barrage à toute initiative visant à lutter contre l’islamophobie estimant que cette question ne doit pas être prise en compte par les institutions nationales et européennes au même titre que l’antisémitisme, car elle relève selon elle non du délit mais de la liberté d’expression. Ainsi, quand le Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) de Belgique a combattu une résolution prise par des sénateurs belges visant à considérer l’islamophobie comme l’expression du rejet des citoyens musulmans, la considérant comme « inacceptable », il a reçu sans attendre le soutien du CRIF qui revendique un droit à « critiquer l’Islam ». Même motif, même punition : en 2012, le CRIF avait dénoncé la demande du Conseil Français du Culte Musulman adressée à François Hollande de faire de l’islamophobie une cause nationale, appelant à ne pas mettre sur le même pied antisémitisme et islamophobie.

La bienveillance des élites politiques à l’égard du CRIF ne s’explique pas seulement par leur souhait légitime de protéger la communauté juive de l’antisémitisme. Le combat mené par le CRIF rejoint aussi celui d’un gouvernement engagé sur la ligne néoconservatrice de la stigmatisation de l’Islam et de la défense inconditionnelle d’Israël, tête de pont de l’impérialisme occidental au Moyen-Orient. Et le CRIF, fortement mobilisé contre « l’antimondialisme, l’anticapitalisme, l’antiaméricanisme et l’antisionisme« , en est le fer de lance. Dans cette guerre de civilisation que les élites mondialistes veulent nous vendre, les juifs de France ont un rôle important à jouer selon Roger Cuckierman, celui d’être « les sentinelles de la République » dont ils sont par ailleurs « l’avant-garde », propos que l’on retrouvera  quasiment mot pour mot dans la bouche de Manuel Valls. Mais ces propos, aussi  surprenants soient-ils, renvoient à la politique actuelle de la France. Le soutien sans faille à l’État Hébreu est partagé François Hollande qui a rejoint le camp atlantiste avec armes et bagages. Ce n’est pas seulement l’ex-ministre de l’Intérieur qui se trouve sous domination du lobby communautariste pro-israélien mais en réalité la totalité du gouvernement et, par voie de conséquence, la République elle-même.

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