Espèces ou carte – Le COVID-19 va-t-il tuer les espèces ?

Par le Dr. Mercola

L’argent liquide a longtemps été roi, mais un nombre croissant de personnes ont abandonné les espèces au profit des cartes de crédit et d’autres options de paiement numérique sans contact. La tendance vers une société sans espèces s’accentue depuis un certain temps. Cependant, la pandémie de COVID-19 est utilisée comme prétexte pour accélérer le processus.

Avec les maladies infectieuses au premier plan des préoccupations de tous, les billets et les pièces semblaient soudainement particulièrement sales, même s’ils n’étaient pas liés à la transmission des maladies, tandis que le paiement électronique était propre, pratique et rapide.

Mais, dans le documentaire DW « Cash or Card — Will COVID-19 Kill Cash? » (Espèces ou carte – Le COVID-19 va-t-il tuer les espèces ?), le producteur Kersten Schüssler pose des questions importantes, telles que : quel est l’enjeu si la société fonctionne réellement sans espèces ? La réponse est à la fois votre vie privée et votre liberté.

Vous payez avec votre confidentialité pour des paiements sans espèces

Le Forum économique mondial (FEM) exprime son intention de passer des espèces à la monnaie numérique, y compris aux États-Unis, depuis des années. Mais au cours de la dernière année, la pandémie a entraîné une accélération drastique. En Allemagne, où la population est notoirement réticente à adopter le paiement par carte ou par application, le nombre de personnes payant par carte a augmenté de 26 % depuis le début de la pandémie.

Les espèces y sont encore largement utilisées et elles sont même la seule monnaie acceptée dans de nombreux marchés et boulangeries. Ce n’est cependant pas le cas au Danemark, en Norvège et en Suède, où les espèces font pratiquement parti du passé. Vous ne trouverez pas facilement de distributeurs automatiques et, si vous allez dans une épicerie, on vous expliquera probablement que vous devez payer par carte.

En Suède, vos espèces peuvent ne pas être bien vues dans une boulangerie, mais les employés d’un magasin vont les accepter. Un jeune employé de boulangerie interrogé dans le film a déclaré qu’il se sentait beaucoup plus en sécurité de ne pas avoir d’espèces en boutique car cela réduisait les vols.

Till Grune-Yanoff, professeur de philosophie à l’Institut royal de technologie de Stockholm, déclare également que les applications de paiement lui permettent de surveiller exactement ce que ses deux enfants achètent. Et c’est un principe clé du système sans espèces. Tandis que l’argent liquide est anonyme, le paiement par carte ou par application laisse une trace numérique.

Déjà en Suède, la plupart des banques ne distribuent plus d’espèces car c’est trop compliqué, et le paiement via des applications sur téléphones portables est en plein essor. Vous pouvez transférer de l’argent d’un téléphone portable vers un autre aussi facilement et rapidement que vous envoyez un message texte.

« Ici, l’argent est devenu une simple information numérique », a déclaré Kersten Schüssler. Mais il y a un inconvénient à cet aspect pratique. « Cela signifie également que les systèmes de paiement électronique suédois peuvent suivre les transactions financières de la plupart des individus. Big Brother vous observe. »

Est-ce la fin des espèces ?

Le film pose la question de savoir si la Suède représente l’avenir, « un avenir dans lequel les espèces appartiennent au passé et chaque paiement pour tout ce que nous achetons peut être retracé et suivi ». Marion Laboure, conférencière à Harvard et analyste de recherche à la Deutsche Bank, a déclaré que le COVID-19 pourrait être le catalyseur pour imposer les paiements numériques comme idée dominante. Elle a expliqué à Kersten Schüssler :

« Ce n’est pas encore la fin des espèces. Mais ce que nous remarquons depuis le début de cette année et surtout depuis le début de la crise du coronavirus, c’est que le montant des espèces en circulation a réellement augmenté car elles sont considérées comme sûres pour le maintien de la valeur.

Cependant, si l’on considère les espèces comme moyen de paiement, elles ont nettement diminué. De moins en moins de personnes paient en espèces. En décembre, 30 % des personnes ont effectué des paiements sans contact en Allemagne. Et aujourd’hui, c’est presque 50 %. »

Marion Laboure a décrit des avancées encore plus frappantes dans d’autres pays, tels que la Corée du Sud et la Chine, qui ont mis en quarantaine et détruit des billets de banque. Aux États-Unis, « la Fed a décidé de mettre en quarantaine les billets en provenance d’Asie pour s’assurer qu’ils étaient sûrs », a-t-elle déclaré. Lorsqu’on lui a demandé s’il s’agissait d’une réponse raisonnable à la pandémie, Marion Laboure a déclaré : « Le risque est très faible. Mais ils ont pensé que c’était nécessaire ».

La maladie et l’évasion fiscale utilisées comme impulsion pour détruire les espèces

Tout au long de la pandémie, il a été sous-entendu que les paiements sans contact et sans espèces sont le choix « plus sûr » préféré, vous permettant de garder vos distances et éliminant le besoin d’échanger de l’argent « sale ». Mais êtes-vous vraiment plus à risque d’attraper le COVID si vous payez en espèces ?

Johannes Beermann, membre du conseil d’administration de la Bundesbank à Berlin, ne le pense pas, et il ne pense pas non plus que les espèces seront remplacées de sitôt par des applications ou des cartes. « Je dirais que c’est suffisamment réfuté », a-t-il déclaré. « Si vous regardez les billets de banque, tels que les billets de 5 ou 10 euros, qui circulent ici de façon particulièrement dense, ils possèdent un revêtement spécial. Nous savons d’après des études que les billets et les pièces ne jouent aucun rôle dans la propagation des infections ».

Des problèmes de corruption et de blanchiment d’argent ont également été évoqués lorsque les banques ont cessé d’émettre des billets de 500 euros en 2019, tandis que la Better Than Cash Alliance, une initiative de 77 membres, dont la Fondation Bill & Melinda Gates, Visa et Mastercard, qui « s’engage à numériser les paiements », a également demandé la suppression des espèces en raison « des caisses noires, de l’argent sale, du blanchiment d’argent et des grosses sommes non déclarées au fisc ou à l’État ».

« Bien sûr, nous devons lutter contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et le financement du terrorisme, et je pense que les espèces doivent être surveillées, tout comme les autres modes de paiement », a déclaré Johannes Beermann. « Nous devons nous en assurer. Mais je ne pense pas que ces [paiements numérisés] vaincront l’économie souterraine. »

Une empreinte numérique est laissée à chaque paiement

Les empreintes numériques ou les traces de données financières que vous laissez à chaque fois que vous payez par carte ou par application mobile sont surveillées de près. Sarah Spiekermann, professeure en systèmes de l’information et de société à l’Université d’économie et de commerce de Vienne, étudie comment ces données sont observées et analysées, et déclare que les informations sur les cartes de crédit et les données de paiement électronique alimentent une industrie de courtiers en données :

« Nous savons que les sociétés émettrices de cartes de crédit transmettent ces données. Dans l’intervalle, elles peuvent observer chacun d’entre nous en temps réel via tous les supports numériques qu’elles utilisent pour créer des profils à grande échelle. C’est presque devenu normal d’avoir 30 000 à 40 000 données sur chaque personne. Et avec cet historique à haute résolution, ils savent ce que vous faites, les itinéraires que vous empruntez, ce que vous achetez, ce que vous payez, où vous partez en vacances, combien vous payez. Ils savent tout. »

Des informations telles que la quantité d’alcool que vous buvez ou combien vous dépensez en vacances peuvent toutes être suivies et « vendues au plus offrant ». Nous sommes à un point où les start-ups d’origine se sont transformées en d’immenses empires de l’information, et le contrôle de nos informations et de notre vie privée est entre leurs mains.

La pandémie de COVID-19 a clairement montré à quel point les technologies numériques sont précieuses en tant que filet de sécurité pour permettre à de nombreuses activités de se poursuivre. Toutefois, parce que les gouvernements n’ont pas traité les problèmes fondamentaux pour protéger la vie privée et les droits numériques, ces empires de l’information continuent de posséder et exploiter Internet et les moyens de communication mondiaux.

Ces monopoles conduisent à un pouvoir incontrôlé qui, à son tour, conduit les individus à être toujours plus contraints et à vivre dans une société de plus en plus basée sur la surveillance, et les paiements numériques sont une partie nécessaire de ce plan et du capitalisme de surveillance. Sarah Spiekermann a expliqué :

« Nous avons analysé, par exemple, comment Oracle Blue Kai a décrit la collecte de 30 000 attributs d’utilisateurs auprès de 200 fournisseurs de données, ce qui leur permettrait de créer les profils de 700 millions de personnes. Cela représente probablement l’ensemble du monde occidental.

Et si on regarde qui fournit ces données : Visa, Mastercard ou les interfaces d’Acxiom, de Google, de Facebook et de Twitter. C’est le capitalisme de surveillance. Le capitalisme de surveillance implique des centaines et des milliers d’entreprises avec des accords d’échange de données qui travaillent ensemble en coulisses. »

Du fait de ces données, vous et votre voisin pourriez finir par payer des prix différents pour des choses comme les vols et les hôtels, ou vous pourriez vous voir refuser une assurance ou être ignoré pour une offre d’emploi. On pourrait penser que ces choses ne sont que de la malchance ou du destin, a-t-elle déclaré, « alors qu’en réalité, c’est le résultat de bases de données effectuant une sorte de prédiction à leur sujet. Et les personnes en coulisses gagnent de l’argent pour créer ces profils de personnes. C’est honteux ».

Il n’y a pas de lois pour restreindre ce tout nouveau type de capitalisme de surveillance et la seule raison pour laquelle il a pu prospérer au cours des 20 dernières années est qu’il n’y a eu aucune loi contre lui, notamment parce que cela n’a jamais existé auparavant. La surveillance est devenue la plus grande industrie à but lucratif de la planète et toute votre existence est désormais ciblée sur le profit.

Les technologies de paiement se développent rapidement

Vous avez probablement déjà utilisé un ou plusieurs types de paiements numériques sans contact. Toutefois, ce n’est que le début des technologies de paiement à venir. En Chine, des entreprises chinoises et américaines testent la technologie de reconnaissance faciale « sourire pour payer » qui associe votre capacité à payer pour des biens et services à votre sourire.

Mais cela ne s’arrête pas là. En fin de compte, le plan consiste à utiliser les analyses faciales lorsque vous entrez dans un magasin, en utilisant l’intelligence artificielle pour reconnaître la personne et sa solvabilité. L’IA détecte également les émotions, les affiliations sociales et si vous êtes stressé ou malade.

Toutes ces informations personnelles représentent le coût de faire confiance à ce système numérisé, et cela pourrait avoir des ramifications importantes à la fois pour la psychologie et la sécurité. Sarah Spiekermann, qui veut que les espèces soient conservées, a déclaré dans le film :

« Si je paie avec un sourire et que je commence à connecter mon sourire aux transactions économiques, alors cette habitude laissera aussi son empreinte dans mon monde réel. Je ne pense pas que nous voulions vraiment que ce genre d’associations se développe. Notre société et nos interactions sociales deviendraient subtilement commercialisées… le pouvoir peut être [également] rapidement mis hors-jeu, tout comme les systèmes informatiques. C’est une question de sécurité. Nous avons besoin d’une sauvegarde en béton. Nous aurons toujours besoin des espèces pour des raisons de sécurité. »

Alors que les banques mobiles entièrement numériques sont déjà opérationnelles, des options alternatives émergent également. La société berlinoise Barzahlen.de propose un système de paiement hybride numérique-analogique moderne qui utilise des codes à barres chiffrés pour obtenir de l’argent ou effectuer un paiement.

Le code à barres précise quelle somme est payée ou encaissée. Aucun transfert de données du compte ou de la carte de crédit n’est nécessaire et chaque transaction reçoit un nouveau code à barres, vous permettant d’utiliser des espèces dans un contexte numérique mais sans laisser de traces de données.

De plus, bien que la loi fédérale américaine n’oblige pas les entreprises à accepter les espèces comme mode de paiement, les villes et les États peuvent promulguer des lois locales à cette fin. Au moins 21 villes et États, dont le Massachusetts, le Rhode Island et le New Jersey, ont adopté ou envisagent des lois interdisant aux commerçants de refuser les paiements en espèces.

On ne sait pas dans quelle mesure ces lois sont strictement appliquées, mais à New York, par exemple, les entreprises peuvent faire face à de lourdes amendes pour avoir refusé des espèces ou facturé des prix plus élevés aux clients payant en espèces.

L’ancien président d’Interpol s’oppose à une société sans espèces

Bjorn Eriksson, ancien président d’Interpol, a également été interviewé pour le film. Il connaît bien les cyberattaques et le blanchiment d’argent, et déclare que les espèces doivent être disponibles en option pour tous les individus, y compris ceux qui ne sont pas familiers avec la technologie, une population qu’il estime à environ 1 million de personnes rien qu’en Suède.

« Elles sont considérées comme non rentables. Il suffit de les ignorer », a-t-il déclaré. « Je n’aime pas ce type de société ». La sécurité est une autre préoccupation majeure du renoncement aux espèces. « Que se passera-t-il si les Russes, Poutine ou quelqu’un d’autre, débranchent le système ? Nous serons sans défense. Comment allez-vous vous défendre si vous avez juste cette carte qui ne fonctionne pas ? Les espèces sont l’option parfaite. »

L’interférence avec votre liberté et votre vie privée, cependant, est ce qui, selon lui, poussera les jeunes à faire pression pour que les espèces soient préservées :

« [Ce qui] … attire beaucoup de jeunes, c’est ce qu’ils voient en Chine et dans d’autres pays où on les utilise pour contrôler les citoyens. Parce que si vous avez un système à carte, vous aurez une technologie avec des caméras, vous aurez une technologie avec de l’intelligence artificielle, vous serez vraiment contrôlé. Les jeunes n’aiment pas ça. »

Il pense également que la pandémie est utilisée comme prétexte pour passer à une société sans espèces même si « il n’y a aucune preuve que l’argent liquide propage ce type de menace due au coronavirus ».

La campagne visant à éliminer les espèces va se poursuivre, d’autant plus que les paiements électroniques sont extrêmement lucratifs pour les banques et les prestataires de services de paiement, tandis que le secteur des courtiers en données génère également d’énormes revenus, a déclaré Kersten Schüssler. Pourtant, les espèces représentent une forme de liberté qui doit être transmise à la prochaine génération afin de préserver autant que possible l’autonomie et la confidentialité.

Source : https://french.mercola.com/sites/articles/archive/2021/08/09/covid-19-va-t-il-tuer-les-especes.aspx

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