Comment éprouver les esprits, pour juger de la validité d’une doctrine, ou d’une expérience

Voici une méthode simple pour juger de la validité d’une doctrine ou d’une expérience spirituelle!

Cet article est extrait de l’un des livres de A.W. Tozer : « Man : The Dwelling Place of God » (L’homme, habitation de Dieu).

Nous vivons à une époque où l’âme des hommes est éprouvée. L’ Esprit nous a dit expressément que, « dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience » (1 Timothée 4 :1-2). Nous sommes entrés dans ces jours, nous ne pourrons pas les éviter. Il nous faut triompher tout en vivant dans ces jours, car c’est la volonté de Dieu à notre égard.

Cela peut vous sembler étrange, mais le danger est aujourd’hui plus grand pour les Chrétiens fervents que pour ceux qui sont tièdes et satisfaits d’eux-mêmes. Celui qui recherche le meilleur de Dieu a soif d’écouter tous ceux qui peuvent lui offrir le moyen de l’obtenir. Il languit après de nouvelles expériences, de nouvelles révélations de la vérité, de nouvelles opérations de l’Esprit, qui pourront le hisser au-dessus de la médiocrité et de la religiosité qu’il voit partout autour de lui. C’est pour cela qu’il est prêt à écouter avec intérêt ceux qui lui offrent quelque chose de nouveau et de merveilleux, surtout si ces personnes bénéficient d’une personnalité attirante et d’une réputation de haute sainteté.

Mais notre Seigneur Jésus, le Grand Berger des brebis, n’a pas abandonné Son troupeau à la merci des loups. Il nous a donné les Ecritures, le Saint-Esprit, et des facultés naturelles d’observation. Il veut que nous ayons constamment recours à l’aide de ces dons. « Examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon » (1 Thes. 5 :21). « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4 :1). Notre Seigneur a aussi dit : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs » (Mat. 7 :15). Puis Il a précisé de quelle manière nous pourrions les reconnaître : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ».

Il est donc clair que des esprits séducteurs et mensongers sont à l’œuvre, mettant en danger notre vie chrétienne. Mais nous savons de quelle manière les identifier. Nous pouvons apprendre à déjouer leurs manœuvres et les reconnaître pour ce qu’ils sont. Bien entendu, ils perdent tout pouvoir, quand nous sommes parvenus à les identifier et à déjouer leurs ruses. « Mais en vain jette-t-on le filet devant les yeux de tout ce qui a des ailes » (Prov. 1 :17).

Je me propose donc de vous présenter une méthode qui vous permettra d’éprouver les esprits, et d’évaluer tout ce qui peut nous être présenté sous couvert de religion ou de morale. En étudiant ces questions, nous ne devons pas oublier que les déviations doctrinales ne sont pas toutes l’œuvre de Satan. L’intelligence de l’homme est capable de concevoir une multitude d’erreurs sans l’aide du diable ! Certaines personnes semblent douées d’un véritable génie pour se fourvoyer, et continueront à prendre des vessies pour des lanternes, même avec une Bible bien ouverte sous leurs yeux ! Pierre pensait sans doute à ces personnes, quand il écrivait : « Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine » (2 Pierre 3 :15-16).

Il est peu probable que des apôtres confirmés de la confusion tirent grand profit de ces conseils, à supposer qu’ils les lisent. Mais beaucoup de Chrétiens sensibles, qui ont été un temps séduits, ont eu assez d’humilité pour reconnaître leurs erreurs et pour retourner au Pasteur et au Berger de leurs âmes. Ce sont ceux-là qui peuvent être arrachés des sentiers de l’erreur. Il y a sans doute aussi un grand nombre de Chrétiens qui n’ont jamais quitté le droit chemin, mais qui souhaitent disposer d’un moyen sûr pour éprouver la qualité des enseignements qu’ils reçoivent, ou des expériences qu’ils peuvent faire, tout au long de leur existence bien remplie. C’est à tous ceux-là que j’offre ce petit secret personnel, qui m’a été très utile, depuis de nombreuses années, pour éprouver mes propres aspirations et expériences spirituelles.

Voici comment je pourrais résumer ce test spirituel :

Quand j’ai besoin de juger une nouvelle révélation de la vérité, une nouvelle expérience spirituelle, ou une nouvelle pratique, je me pose toujours la question suivante : « De quelle manière cette nouveauté influence-t-elle mes relations avec Dieu, avec Christ, avec les Saintes Ecritures, avec la vie du « moi », avec les autres Chrétiens, avec le monde, et avec le péché ? »

En analysant les conséquences de toute nouveauté, dans ces sept domaines, nous pourrons éprouver toutes choses et voir immédiatement si elles viennent de Dieu ou non. C’est par le fruit de l’arbre que nous reconnaissons s’il est bon ou non. Ainsi, lorsque vous êtes confrontés à une nouvelle doctrine ou à une nouvelle expérience, si vous examinez ses conséquences dans votre vie, dans chacun des sept domaines ci-dessus, vous saurez immédiatement si cette doctrine ou cette expérience vient d’en haut ou d’en bas !

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation avec Dieu ?

Nous devons soigneusement examiner de quelle manière toute expérience spirituelle nouvelle affecte notre relation avec Dieu, notre conception de Dieu, et notre attitude envers Dieu.

Dieu, étant ce qu’Il est, doit toujours rester l’arbitre suprême de toutes les choses spirituelles. L’univers est venu à l’existence pour que son Créateur puisse manifester Ses perfections dans tous les êtres pensants et moraux qu’Il a créés. « Je suis l’Eternel, c’est là mon nom ; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni mon honneur aux idoles » (Esaïe 42 :8). « Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées » (Apoc. 4 :11).

La bonne santé et l’équilibre de l’univers exigent que Dieu soit magnifié en toutes choses : « L’Eternel est grand et très digne de louange, et sa grandeur est insondable » (Psaume 145 :3). Toutes les œuvres de Dieu sont faites pour Sa seule gloire. Tout ce qui provient de Lui doit concourir exclusivement à Son honneur et à Sa gloire. Ainsi, toute doctrine et toute expérience qui ont pour conséquence de magnifier le Seigneur sont sans doute inspirées par Lui. En revanche, tout ce qui obscurcit Sa gloire, ou qui diminue en quoi que ce soit Sa grandeur et Ses mérites, provient certainement de la chair ou du diable.

Le cœur de l’homme ressemble à un instrument de musique, qui peut être actionné pat l’Esprit de Dieu, par un mauvais esprit, ou par l’esprit de l’homme lui-même. Les émotions religieuses ressenties par l’homme restent les mêmes, quelle que soit la main qui fait fonctionner l’instrument. De nombreuses émotions très agréables peuvent être déclenchées dans l’âme humaine par un culte charnel ou même idolâtre. La religieuse qui s’agenouille, dans une adoration éperdue, devant une image de la Vierge Marie, éprouve une expérience religieuse très réelle et très forte. Elle éprouve de l’amour, un profond respect, et toutes sortes d’émotions merveilleuses, tout autant que si elle adorait Dieu Lui-même. On ne peut pas écarter d’un revers de main les expériences mystiques des Hindous et des Soufis, comme s’il s’agissait de simulations. Nous ne devons pas non plus sous-estimer la profondeur des expériences spirituelles des spirites et des occultistes, comme s’il s’agissait de purs produits de leur imagination. Ils peuvent parfois faire des rencontres très réelles avec des puissances spirituelles qui les dépassent. De même, certains Chrétiens peuvent parfois être conduits dans des expériences personnelles qu’ils n’ont pas la faculté de comprendre. J’ai rencontré de tels Chrétiens, qui avaient avidement cherché à savoir si leurs expériences venaient de Dieu ou non.

Le vrai test est donc le suivant : Quelles ont été les conséquences de cette nouvelle révélation de la vérité, ou de cette nouvelle expérience, sur ma relation avec Dieu le Père et avec notre Seigneur Jésus-Christ ? Ai-je à présent plus d’amour pour Dieu ? Dieu a-t-Il été magnifié à mes yeux ? Est-ce que cela a purifié la conception que j’avais du Seigneur ? Est-ce que je Le connais à présent comme un Etre encore plus merveilleux qu’auparavant ? Si je peux répondre « oui » à toutes ces questions, alors il est probable que je ne me suis pas égaré dans les chemins agréables mais dangereux et interdits de l’erreur et du mensonge.

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation avec le Seigneur Jésus-Christ ?

Quelle que soit la place réservée aujourd’hui à Christ par la religion, Dieu a élevé le Seigneur Jésus-Christ à la toute première place sur la terre et dans les cieux. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le ! » (Matthieu 17 :5). C’est Dieu Lui-même qui a fait du haut des cieux cette déclaration concernant Son Fils Jésus. Pierre, rempli du Saint-Esprit, a déclaré : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2 :36). Jésus a dit de Lui-même :  » Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14 :6). L’apôtre Pierre a aussi dit du Seigneur Jésus : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4 :12). Toute l’épître aux Hébreux est consacrée à développer cette vérité que Christ est au-dessus de tous. Il est au-dessus d’Aaron et de Moïse, et les anges eux-mêmes sont appelés à se prosterner devant Lui pour L’adorer. Paul dit qu’Il est l’image du Dieu invisible, qu’en Lui habite corporellement la plénitude de la divinité, et qu’en toutes choses Il doit avoir la prééminence. Le temps me manquerait pour vous décrire la gloire qui Lui a été réservée par les prophètes, les patriarches, les apôtres, les saints, les anciens, les psalmistes, les rois et les séraphins. Il a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption. Il est notre espérance, notre vie, notre tout en tous, pour maintenant et pour l’éternité !

Cela étant proclamé, il est clair que Jésus-Christ doit Se trouver au centre de toute véritable doctrine, de toute pratique acceptable, et de toute expérience chrétienne authentique. Tout ce qui tendrait à rabaisser Christ au-dessous de Sa position, celle que Dieu Lui a accordée, n’est qu’une séduction pure et simple, et doit être rejeté, quels que soient les avantages ou les satisfactions que l’on pourrait en retirer.

Un Christianisme sans Christ, cela semble contradictoire, mais c’est un phénomène bien réel aujourd’hui. Beaucoup de choses faites au nom de Christ ne sont pas inspirées par Christ, car elles ont été conçues par la chair, emploient des méthodes charnelles, ou poursuivent des buts charnels. Christ est mentionné de temps en temps, comme certains politiciens égoïstes peuvent mentionner Lincoln et le drapeau américain, afin de fournir une couverture « sacrée » à des activités charnelles, et tromper les auditeurs naïfs. En réalité, Christ n’est pas au centre : Il n’est pas tout en tous !

Je le répète, il existe des expériences religieuses ou occultes qui enthousiasment ceux qui les font, et qui leur font croire qu’ils ont vraiment rencontré le Seigneur, ou qu’ils sont montés au troisième ciel. Mais ils découvrent plus tard la vraie nature de ces phénomènes, lorsque la face de Christ commence à s’éloigner de la conscience de ces dupes, qui dépendent de plus en plus de ces « cuites » émotionnelles pour se convaincre qu’ils sont spirituels.

Si, en revanche, une nouvelle expérience tend à nous rendre Christ plus indispensable, si elle nous permet de nous détacher de nos sensations et de nos sentiments pour nous rapprocher de Christ, nous sommes sur le bon chemin. Tout ce qui nous rapproche de Christ ne peut que provenir de Dieu.

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation avec les Saintes Ecritures ?

Un autre test révélateur, qui nous permet de voir si une expérience spirituelle vient bien de Dieu, concerne les effets qu’elle peut produire sur notre relation avec les Saintes Ecritures.

Est-ce que cette nouvelle expérience, ou cette nouvelle révélation de la vérité, provient directement de la Bible, ou d’une source extérieure à la Parole de Dieu ? Les Chrétiens sensibles sont souvent les victimes de fortes pressions psychologiques provenant, inconsciemment ou non, de certains témoignages personnels, ou de certains messages très convaincants apportés par un prédicateur fervent, qui peut parler d’une manière qui semble prophétique, mais qui n’a pas assez vérifié ce qu’il avance, ou qui ne l’a pas suffisamment contrôlé à la lumière de la Parole de Dieu.

Tout ce qui ne provient pas des Ecritures doit, pour cette raison même, être considéré avec beaucoup de suspicion, tant que cela n’a pas été confirmé par la Bible. En outre, si nous découvrons que quelque chose est contraire à la vérité révélée par la Bible, et si nous sommes des Chrétiens authentiques, nous ne l’accepterons jamais comme venant de Dieu. Quelle que soit la grandeur de notre expérience émotionnelle, nous devrons veiller à ne pas la considérer comme authentique, tant que les Ecritures ne nous l’auront pas expressément et clairement confirmée. « A la loi et au témoignage ! » Cela doit constituer pour nous la preuve ultime et définitive.

Tout ce qui est nouveau et singulier doit également être considéré avec beaucoup de prudence, tant que nous n’aurons pas trouvé une confirmation solide dans la Bible à ce sujet. Au cours de la dernière moitié de ce vingtième siècle, un grand nombre de doctrines non scripturaires ont été acceptées par les Chrétiens, sous prétexte qu’il s’agissait de vérités qui devaient être « révélées dans les derniers jours » ! Les avocats de cette théorie des « révélations des derniers jours » affirment que Saint Augustin n’avait pas reçu toute la révélation, ni Luther, ni John Knox, ni Spurgeon. Aucun d’eux n’avait reçu ces « révélations » à son époque ! Ils nous disent donc que le peuple de Dieu doit bénéficier d’une plus grande lumière et de révélations plus profondes à la fin des temps. Il faudrait donc que nous ne remettions pas en question ces nouvelles doctrines, et que nous acceptions toutes ces expériences nouvelles, sous prétexte que le Seigneur est en train de préparer Son Epouse pour les noces de l’Agneau ! Il nous faudrait donc nous abandonner pleinement à ces prétendus mouvements de l’Esprit !

En vérité, la Bible ne nous enseigne nullement que nous allons recevoir une nouvelle lumière et de nouvelles expériences plus profondes dans les derniers jours. Elle enseigne même exactement le contraire ! Nous ne pouvons invoquer aucun verset de Daniel ou des épîtres du Nouveau Testament, en en tordant le sens, pour soutenir l’idée que les Chrétiens bénéficieront à la fin des temps d’une lumière plus grande qu’au commencement de l’Eglise. Méfiez-vous de tout homme qui prétendrait être plus sage que les apôtres, ou plus saint que les martyrs de l’Eglise primitive ! Ce que vous avez de mieux à faire, si vous vous trouvez en présence d’un tel homme, c’est de vous lever et de partir. Vous ne pouvez rien pour lui, et il est certain qu’il ne peut rien pour vous !

Certes, les Ecritures ne sont pas toujours claires, et il existe des différences d’interprétations entre hommes très sincères. Toutefois, le petit test que je vous propose reste valable. Nous devons soigneusement étudier quelle est l’influence de toute expérience ou révélation nouvelle sur notre amour et notre respect de la Bible.

La véritable puissance des Ecritures ne réside pas dans la lettre, mais dans l’Esprit qui les a inspirées. Mais nous ne devons jamais sous-estimer la valeur de la lettre ! Le texte de la vérité a la même relation avec la vérité que le rayon de miel avec le miel ! Le texte sert de réceptacle à la vérité. Mais cette analogie est incomplète. On peut enlever le miel de son rayon, mais l’Esprit de Vérité ne peut pas opérer en dehors de la lettre des Saintes Ecritures. C’est pour cela que, plus nous connaîtrons le Saint-Esprit, et plus nous aimerons la Bible. Les Ecritures sont l’expression imprimée de ce que Christ est en personne ! La Parole inspirée est comme un portrait fidèle de Christ. Là encore, l’analogie est insuffisante : jamais personne ne sera présent dans son portrait, comme Christ est présent dans la Bible, car la Bible est le livre des pensées saintes de Dieu. La Parole éternelle du Père demeure à toujours dans les pensées qu’Il a Lui-même inspirées. Les pensées sont des objets, et les pensées des Saintes Ecritures forment le saint temple de la présence vivante de Dieu dans Sa Parole.

La conséquence de tout cela, c’est que tout Chrétien qui aime véritablement Dieu aimera toujours aussi véritablement Sa Parole. Tout ce qui provient du Dieu de la Parole doit approfondir notre amour pour la Parole de Dieu ! Cela est logique. Mais cela est aussi confirmé par un témoignage bien plus sûr que celui de la logique. Je veux parler du témoignage collectif de cette grande armée de témoins, vivants ou morts. Tous ceux-là déclarent d’une même voix que leur amour pour les Ecritures s’est accru quand leur foi a grandi, et que leur obéissance est devenue de plus en plus joyeuse et cohérente.

Si une nouvelle doctrine, un nouvel enseignement, ou une nouvelle expérience émotionnelle, remplissent mon cœur d’une grande soif de méditer les Ecritures jour et nuit, j’ai toutes les raisons de croire que Dieu a bien parlé à mon âme, et que j’ai vécu une expérience qui vient authentiquement du Seigneur. En revanche, si mon amour pour les Ecritures s’est refroidi, même un peu, si mon désir ardent de manger et de boire la Parole inspirée s’est atténué, même légèrement, je dois humblement admettre que je n’ai pas remarqué le signal de Dieu, que j’ai rétrogradé, et que j’ai besoin de me remettre sur le droit chemin.

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne la vie du « moi » ?

Là encore, nous pouvons évaluer la qualité d’une expérience spirituelle par ses effets sur la vie du « moi ».

Le « moi », c’est-à-dire notre nature humaine déchue, est radicalement opposé au Saint-Esprit. « Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez » (Galates 5 :17). « Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’esprit s’affectionnent aux choses de l’esprit. Et l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’esprit, c’est la vie et la paix ; car l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas » (Romains 8 :5-7).

Avant que l’Esprit de Dieu puisse œuvrer d’une manière créatrice dans notre cœur, il doit condamner et mettre à mort la chair en nous. Il doit obtenir notre plein consentement pour remplacer notre « moi » naturel par la personne de Christ. Ce remplacement nous est clairement expliqué par Paul dans les chapitres 6, 7 et 8 de l’épître aux Romains. Un Chrétien qui cherche la Vérité, et qui est passé par les expériences crucifiantes décrites aux chapitres 6 et 7, peut alors entrer dans la liberté spirituelle du chapitre 8. Car le « moi » est alors détrôné, et Christ règne pour toujours sur le trône de notre coeur !

A la lumière de ce que je viens de dire, il n’est pas difficile de comprendre comment l’attitude des Chrétiens face à leur « moi » est un excellent test de la validité d’une expérience quelconque. La plupart des grands maîtres d’une vie spirituelle profonde, comme Fénelon, Molinos, Jean de la Croix, Madame Guyon, et bien d’autres encore, nous ont mis en garde contre des expériences pseudo spirituelles, qui flattent, réjouissent et nourrissent la chair, en remplissant le cœur d’un amour pour soi qui ne vient pas de Dieu.

Voici une bonne règle : si cette expérience a eu pour effet de m’humilier, de me rendre petit et vil à mes propres yeux, elle vient bien de Dieu. Mais si elle a satisfait mon « moi », elle est mensongère. Je ne dois en tenir aucun compte, car elle provient du « moi » non régénéré ou du diable. Ce qui vient de Dieu ne flattera jamais ni mon orgueil ni mon « moi » charnel. Si je suis tenté d’être complaisant et de me sentir supérieur, parce que j’ai reçu une révélation remarquable, ou que je suis passé par une expérience spirituelle « supérieure », je dois me mettre aussitôt à genoux et m’en repentir profondément. Car je suis tombé dans le piège de l’ennemi.

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation avec les autres Chrétiens ?

C’est là un domaine important pour me permettre de tester toute nouvelle expérience.

Parfois, un Chrétien sérieux, quand il est passé par une expérience spirituelle remarquable, se coupe de la communion fraternelle, et développe un esprit de critique. Il peut être honnêtement convaincu que son expérience est supérieure, et qu’il a atteint un palier de grâce plus élevé. Il peut aussi penser que le « commun des mortels » de l’église qu’il fréquente ne constitue qu’une multitude profane, et qu’il est le seul à être un « vrai fils d’Israël ». Il peut lutter pour se montrer patient envers ces « mondains religieux ». Mais son doux langage et son sourire condescendant révèlent ce qu’il pense réellement d’eux, et de lui-même. Un tel état d’esprit est dangereux, et d’autant plus dangereux qu’il peut être confirmé par les faits. Ce frère a pu avoir effectivement une expérience remarquable. Il a pu recevoir une révélation remarquable des Ecritures, il a pu pénétrer dans un territoire spirituel exaltant, qu’il ne connaissait pas auparavant. Le problème ne réside donc pas dans le fait qu’il aurait été induit en erreur. Mais c’est sa réaction qui est charnelle. Sa nouvelle spiritualité l’a rendu moins charitable !

Lady Julian, dans son langage suranné, nous explique de quelle manière la vraie grâce chrétienne peut influencer nos relations avec les autres : « Notre contemplation et notre amour pour notre Créateur nous permettent de nous considérer comme plus petits à nos propres yeux, et d’être remplis d’une crainte respectueuse de Dieu, d’une véritable douceur, et de beaucoup d’amour pour nos frères Chrétiens ». Toute expérience spirituelle qui n’aboutit pas à approfondir notre amour pour nos frères Chrétiens peut certainement être considérée comme mensongère.

L’apôtre Jean dit que l’amour pour nos frères Chrétiens est vraiment le signe d’une foi authentique. « Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et nous rassurerons nos cœurs devant lui » (1 Jean 3 :18-19). Il ajoute : « Bien-aimés, aimons nous les uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour » (1 Jean 4 :7-8).

Quand nous grandissons dans la grâce de Dieu, notre amour pour le peuple de Dieu grandit aussi. « Quiconque aime celui qui l’a engendré aime aussi celui qui est né de lui » (1 Jean 5 :1). Cela signifie simplement que si nous aimons Dieu, nous aimons aussi Ses enfants. Toute expérience chrétienne véritable ne peut qu’approfondir notre amour pour nos frères Chrétiens.

Nous pouvons donc conclure que tout ce qui tend à nous séparer de nos frères Chrétiens, dans notre cœur ou effectivement, ne vient pas de Dieu, mais vient de la chair ou du diable. En revanche, tout ce qui aboutit à nous faire aimer davantage les enfants de Dieu vient sans doute du Seigneur. « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13 :35).

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation avec le monde ?

Quand je parle du « monde », je ne veux pas parler de l’ordre magnifique de la nature que Dieu a créée pour que nous en jouissions. Je ne veux pas non plus parler du monde des hommes perdus, dans le sens ou notre Seigneur a dit : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3 :16-17). Il est clair que lorsque nous sommes véritablement touchés par le Seigneur, nous apprécierons encore plus la beauté de la nature, et nous recevrons un amour plus profond pour tous ceux qui sont perdus. Mais je veux parler d’autre chose que tout cela.

Je laisse un apôtre le dire à ma place : « Car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2 :16-17).

C’est ce monde dont nous devons éprouver les esprits. Il s’agit du monde des joies charnelles, des réjouissances profanes, de la poursuite des richesses matérielles, de la gloire des hommes, et du plaisir du péché. Ce sont des choses qui sont bien loin de Christ, mais que recherchent les impies, et qui sont inspirées par le prince de la puissance de l’air, par l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion (Ephésiens 2 :2). Il s’agit aussi d’une religion qui garde l’apparence de la piété, mais sans puissance, qui semble vivre mais qui est morte. Bref, il s’agit de notre société humaine non régénérée, qui est en route vers l’Enfer. C’est tout le contraire de la véritable Eglise de Dieu, qui est composée de tous ceux qui sont passés par une nouvelle naissance, et qui sont en route joyeusement et calmement vers le Ciel.

Toute œuvre authentique de Dieu dans notre cœur tend à nous détacher de tout amour pour le monde. « N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui » (1 Jean 2 :15). « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Cor. 6 :14). On peut donc dire sans équivoque que tout esprit qui autorise le compromis avec le monde est un esprit mensonger. Tout mouvement religieux qui imite le monde, dans l’une quelconque de ses manifestations, est un esprit qui est ennemi de la croix de Christ, et qui travaille avec le diable, même si l’on y pousse les gens à « accepter Christ », ou à « laisser Dieu conduire leurs affaires » !

Quelles sont les conséquences en ce qui concerne mon attitude envers le péché ?

Une expérience authentiquement chrétienne aura une influence claire sur notre attitude envers le péché.

Quand la grâce de Dieu agit dans le cœur d’un être humain, elle le détournera toujours du péché, pour l’attirer vers la sainteté. « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ » (Tite 2 :11-13).

Je ne vois pas comment cela pourrait être plus clair ! C’est la même grâce qui sauve et qui enseigne. Son enseignement peut être à la fois négatif et positif. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines. Mais elle nous enseigne aussi à vivre selon la sagesse, la justice et la piété dans le monde qui nous entoure.

Ceux qui ont cœur honnête n’auront aucun problème à reconnaître cela. Ils doivent simplement s’examiner à la lumière de Dieu, pour voir s’ils se soucient davantage du péché dans leur vie, depuis que la grâce est censée avoir œuvré en eux. Tout ce qui affaiblit notre haine pour le péché peut immédiatement être identifié comme mensonger. Cela ne peut que porter tort aux Ecritures, à notre Sauveur, et à notre propre âme ! En revanche, tout ce qui nous rend la sainteté plus attirante, et le péché plus intolérable, peut être considéré comme venant de Dieu. « Car tu n’es point un Dieu qui prenne plaisir au mal ; le méchant n’a pas sa demeure auprès de toi. Les insensés ne subsistent pas devant tes yeux ; tu hais tous ceux qui commettent l’iniquité » (Psaume 5 :4-5).

Jésus nous a avertis : « Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus » (Matthieu 24 :24). Ces paroles décrivent tellement bien notre monde actuel qu’elles ne peuvent pas être accidentelles ! C’est dans l’espoir que les « élus » en tireront bénéfice que j’ai mis au point ce simple test. Les résultats sont entre les mains de Dieu !

Aiden Wilson Tozer naquit en Pennsylvanie en 1897. Dès 1919, il devint pasteur d’une Eglise de l’Alliance à Nutter Fort, en Virginie-Occidentale. Il fut aussi le pasteur de plusieurs églises à Morgantown, en Virginie-Occidentale, à Toledo, dans l’Ohio, et à Indianapolis, dans l’Indiana. En 1928, il devint pasteur de l’Eglise de L’Alliance Southside à Chicago. Il y exerça son ministère jusqu’en novembre 1959, date à laquelle il devint pasteur de l’Eglise de l’Avenue Road, à Toronto. Une soudaine crise cardiaque mit fin à son ministère en 1963.

Source : http://www.latrompette.net/post/A266.eprouver.htm



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