Comment se préparer spirituellement à la souffrance et à la persécution

Préparations à la Souffrance et la Persécution

Pr Richard Wurmbrand

Les pasteurs chrétiens doivent apprendre ce à quoi ressemble une Eglise souterraine et ce qu’elle fait. J’ai parlé avec un évêque en Angleterre pendant une heure et quelques à propos du travail de l’Eglise souterraine. Finalement, il a dit : « Excusez-moi, mais vous parlez de mon centre d’intérêt; je suis intéressé par l’architecture des églises. Pourriez-vous s’il vous plaît me dire si les églises souterraines utilisent des styles gothiques dans les constructions d’églises ?  »

L’Eglise souterraine est relativement inconnue. Nous l’avons à la porte d’à côté, mais nous ne sommes pas prêts à la rejoindre et nous ne sommes pas formés à devenir une Eglise souterraine. Chaque pasteur chrétien doit connaître ce qui suit parce qu’il se pourrait que nous traversions ces circonstances tragiques. Quand bien même nous ne traverserions pas ces circonstances tragiques, nous avons le devoir d’aider et d’instruire ceux qui les traversent.

Dans les nations islamistes, en Chine communiste et dans d’autres pays, beaucoup de croyants sont devenus des victimes. Beaucoup sont allés en prison et beaucoup sont morts en prison. Nous ne pouvons pas être fiers de cela. La meilleure chose aurait été d’avoir été bien enseigné sur la façon dont nous pouvions accomplir un travail souterrain et ne pas être capturés. J’admire ceux qui savent si bien comment travailler qu’ils ne sont jamais attrapés. Nous devons connaître le travail souterrain.

SE PREPARER A LA SOUFFRANCE

La souffrance ne peut pas être évitée dans l’Eglise souterraine, quelles que soient les mesures qui sont prises, mais la souffrance devrait être réduite au minimum. Que se passe-t-il dans un pays lorsque des puissances oppressives prennent le dessus ? Dans certains pays, la terreur commence immédiatement, comme en Mozambique et au Cambodge. Dans d’autres endroits, la liberté religieuse s’ensuit comme jamais auparavant. Et c’est ainsi qu’elle commence. Certains régimes viennent au pouvoir sans détenir le pouvoir réel. Ils n’ont pas le peuple à leurs côtés. Ils n’ont pas nécessairement organisé encore ni leur police ni le personnel de leur armée. En Russie, les communistes ont donné immédiatement une grande liberté aux Protestants dans le but de détruire les Orthodoxes. Après avoir détruit les Orthodoxes, le tour des Protestants est venu. La situation initiale n’a pas duré longtemps. Pendant ce laps de temps, ils ont infiltré les églises, en mettant leurs hommes en position de conducteurs. Ils ont découvert la faiblesse des pasteurs. Certains étaient peut-être des hommes ambitieux; d’autres pouvaient être piégés par l’amour de l’argent. Un autre pouvait avoir un péché caché quelque part, par lequel on pouvait lui faire subir un chantage. Ils expliquaient qu’ils le feraient connaître et ont placé ainsi leurs hommes à la direction des églises. Alors, à un moment donné, la grande persécution commence. En Roumanie, une telle répression est arrivée en un seul jour. Tous les évêques catholiques sont allés en prison ainsi que d’innombrables prêtres, moines et nonces. Ensuite de nombreux pasteurs de toutes dénominations ont été arrêtés. Beaucoup sont morts en prison.

« Alors Ananias répondit : Seigneur, j’ai appris de plusieurs personnes tous les maux que cet homme a faits à tes saints dans Jérusalem; mais le Seigneur lui dit: Va, car cet homme est un instrument que j’ai choisi, pour porter mon nom devant les nations, devant les rois, et devant les fils d’Israël; et je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom. » (Actes 9:13,15 et 16)

Jésus, notre Seigneur, a dit à Ananias : « Va trouver Saül de Tarse. Il sera Mon pasteur, Mon ouvrier de l’Eglise souterraine. » C’était ce qu’était Saint Paul – un pasteur d’une Eglise souterraine. Jésus a démarré un cours intensif pour ce pasteur souterrain. Il l’a commencé avec les paroles suivantes : « Je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir… » La préparation à un travail souterrain commence par l’étude de la souffrance, de la martyrologie. Plus tard, nous regarderons à l’aspect technique du travail souterrain, mais en tout premier lieu, il doit y avoir une certaine préparation spirituelle à cela.

Dans un pays libre, pour être membre d’une église, il est suffisant de croire et d’être baptisé. Dans l’Eglise souterraine, ce n’est pas suffisant d’en être membre. Vous pouvez être baptisés et vous pouvez croire, mais vous ne serez pas un membre de l’Eglise souterraine à moins que vous ne sachiez comment souffrir. Il est fort probable que vous ayez la foi la plus puissante du monde, mais si vous n’êtes pas préparés à souffrir, alors le jour où vous êtes pris par la police, vous aurez deux claques et vous ne déclarerez rien.

Ainsi la préparation à la souffrance est l’un des éléments essentiels dans la préparation du travail souterrain. Un chrétien ne panique pas s’il est jeté en prison. Pour le croyant ordinaire, la prison est un nouvel endroit où il peut témoigner pour Christ. Pour un pasteur, la prison est une nouvelle paroisse. C’est une paroisse sans grands revenus mais avec de grandes opportunités de travail. Je parle un peu de cela dans mon livre « With God In Solitary Confinement » (Avec Dieu en Cellule d’Isolement). Dans d’autres livres, je mentionne le code Morse qui fait aussi partie de la formation de l’Eglise souterraine. Vous savez ce que c’est – c’est un code utilisé pour transmettre des messages. Au moyen de ce code, vous pouvez prêcher l’Evangile à ceux qui sont à votre droite et à votre gauche. Les paroissiens libres regardent leur montre : « Il a déjà prêché trente minutes. Ne va-t-il jamais finir ? » Lorsque vous êtes arrêtés, vos montres vous sont enlevées; vous avez les paroissiens avec vous pendant toute la semaine et vous pouvez leur prêcher du matin au soir ! Ils n’ont pas le choix. Il n’y a jamais eu, dans l’histoire de l’Eglise roumaine, ou de l’Eglise russe, autant de conversions qui se soient produites, qu’il y en a eu en prison. Ne craignez donc pas la prison. Considérez-la simplement comme une nouvelle affectation que Dieu vous a accordée. Les hommes peuvent accepter cela.

Mais qu’en est-il des terribles tortures qui sont infligées aux prisonniers ? Que ferons-nous de ces tortures ? Serons-nous capables de les supporter ? Si je ne les supporte pas, vos ennemis jettent en prison quelques cinquante ou soixante autres hommes que je connais parce que c’est ce que les oppresseurs souhaitent me voir faire – que je trahisse ceux qui sont autour de moi. Ainsi donc vient ici le grand besoin de se préparer à souffrir, qui doit commencer maintenant. Il est trop difficile de vous y préparer lorsque vous êtes déjà en prison.

LA VERITE AU SUJET DE LA VERITE

Le degré de souffrance que chacun de nous peut supporter dépend de son degré d’attachement à une cause, de la valeur que revêt cette cause à ses yeux et du poids qu’elle représente pour lui. A cet égard, nous avons eu dans les pays communistes de très grandes surprises. Il y a eu des prédicateurs doués et des écrivains chrétiens qui sont devenus des traîtres. Le compositeur du meilleur hymne de Roumanie est devenu le compositeur du meilleur hymne communiste de Roumanie. Tout dépend de ce que oui ou non nous sommes restés dans la dimension des mots ou si nous avons fusionné avec les réalités divines.

Dieu est la Vérité. La Bible est la vérité au sujet de la vérité. La théologie est la vérité au sujet de la vérité au sujet de la vérité. Un bon sermon est la vérité au sujet de la vérité au sujet de la vérité; ce qui concerne la Vérité n’est pas la Vérité. La Vérité c’est Dieu seul. Autour de cette Vérité il y a tout un échafaudage de paroles, de théologies, et d’exposés. Aucune de ces choses ne peut être d’un quelconque secours en temps de souffrance. C’est uniquement la Vérité elle-même qui est de quelque secours, et nous devons y pénétrer à travers des sermons, à travers des livres théologiques, à travers tout ce qui est des ‘mots’ et nous devons être rattachés à la réalité de Dieu Lui-même.

J’ai raconté en Occident comment les chrétiens ont été attachés à des croix pendant quatre jours et quatre nuits. Les croix étaient posées sur le sol et d’autres prisonniers étaient torturés et réduits à satisfaire leurs besoins physiques sur les visages et les corps des crucifiés. On m’a depuis demandé : « Quel verset de la Bible vous a aidé et fortifié dans ces circonstances ? » Ma réponse a été : « AUCUN verset de la Bible ne m’a été d’un quelconque secours. » C’est employer purement un langage religieux et c’est de la pure hypocrisie religieuse que de dire : « Ce verset de la Bible me fortifie, ou ce verset de la Bible m’aide. » Des versets bibliques seuls ne sont pas destinés à aider. Nous connaissions le Psaume 23 : « L’Eternel est mon Berger; je ne manquerai de rien… quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort… » Quand vous passez par la souffrance, vous réalisez que Dieu n’a jamais eu l’intention que le Psaume 23 vous fortifie. C’est le Seigneur qui peut vous fortifier, et non le Psaume qui vous dit qu’Il le fait. Ce n’est pas suffisant d’avoir le Psaume. Vous devez avoir Celui dont le Psaume parle. Nous connaissions aussi le verset : « Ma grâce te suffit. » Mais le verset n’est pas suffisant. C’est la grâce qui est suffisante et non pas le verset.

Les pasteurs et les témoins zélés qui brandissent la Parole comme un appel venant de Dieu courent le danger d’attribuer à des paroles saintes plus de valeur que ce qu’elles n’en ont en réalité. Des paroles saintes sont uniquement le moyen de parvenir à la réalité qu’elles expriment. Si vous êtes unis à la Réalité, le Seigneur Tout-Puissant, le mal perd son pouvoir sur vous; il ne peut pas briser le Seigneur Tout-Puissant. Si vous avez seulement les paroles du Seigneur Tout-Puissant, vous pouvez être très facilement brisés.

EXERCICES SPIRITUELS

La préparation au travail souterrain est une spiritualisation profonde. Comme nous pelons un oignon pour le préparer à être utilisé, Dieu doit aussi nous « peler » de ce qui est pures paroles, sensations dans nos réjouissances dans la religion, afin de toucher à la réalité de notre foi. Jésus nous a dit « que quiconque veut Le suivre « devra » se charger de sa croix », et Il a Lui-même montré combien lourde peut être Sa croix. Nous devons nous préparer à cela. Nous devons commencer la préparation maintenant avant d’être emprisonnés. Une fois en prison, nous perdons tout. Vous êtes dévêtus et on vous donne une habit de prisonnier. Plus de jolis meubles, ni de jolis tapis, ni de jolis rideaux. Vous n’avez plus de femme ou de mari et vous n’avez plus vos enfants. Vous n’avez pas votre bibliothèque et vous ne voyez jamais une seule fleur. Il ne reste rien de ce qui rend la vie agréable. Personne ne résiste s’il n’a pas renoncé aux plaisirs de la vie au préalable. J’effectue personnellement un exercice. J’habite aux Etats-Unis d’Amérique. Pouvez-vous vous imaginer ce à quoi ressemble un supermarché américain ? Vous y trouvez beaucoup de choses délicieuses. Je regarde tout et me dis à moi-même : « Je peux vivre sans cette chose-ci et cette chose là; cette chose est très jolie, mais je peux faire sans. Cette troisième chose, je peux faire sans elle aussi. » J’ai visité tout le supermarché et je n’ai pas dépensé un seul dollar. J’ai eu la joie de voir beaucoup de belles choses et une seconde joie de savoir que je peux vivre sans elles.

LE DOUTE FABRIQUE DES TRAÎTRES

Je suis Juif. En hébreu, la langue que Jésus Lui-même a parlée et dans laquelle la première révélation a été donnée, le mot « doute  » n’existe pas. Douter est aussi faux pour un homme que s’il devait marcher à quatre pattes – il n’a pas été créé pour marcher à quatre pattes. Un homme marche debout; il n’est pas une bête. Le doute est sous-humain. Pour chacun de nous, le doute vient, mais ne permettez pas que des doutes concernant les doctrines essentielles de la Bible telles que l’existence de Dieu, la résurrection de Jésus-Christ, ou l’existence de la vie éternelle, fassent leur nid dans vos pensées. Tout doute théologique ou philosophique fait de vous un traître potentiel. Vous pouvez vous permettre des doutes tant que vous avez une bonne étude et que vous préparez un sermon, et que vous mangez bien – ou que vous écrivez un livre. Dans ces cas là, vous pouvez vous autoriser toutes sortes d’idées osées et de doutes. Quand vous êtes torturés, ces doutes se changent en trahison parce que vous devez décider si vous devez vivre ou mourir pour cette foi. Une des choses les plus importantes en ce qui concerne la préparation spirituelle d’un ouvrier souterrain est la solution à ses doutes. En mathématiques, si vous ne trouvez pas de solution, il est possible que vous ayez fait une erreur quelque part, alors vous continuez jusqu’à ce que vous trouviez. Ne vivez pas avec des doutes, mais recherchez leur solution.

LE TEST DE LA TORTURE

Vient maintenant l’instant même de la torture. La torture est quelquefois très douloureuse. Quelquefois on vous bat simplement. Nous avons tous reçu des fessées lorsque nous étions enfants et être battu c’est juste une autre fessée. C’est très facile de se faire battre. Jésus a dit que nous devrions venir à Lui comme des enfants, ce qui signifie plutôt comme des candidats à la fessée ! Cependant, avec nous, les communistes ne se sont pas limités à des coups – ils ont utilisé des tortures très raffinées. Maintenant, la torture, vous devez le savoir, peut fonctionner dans les deux sens. Elle peut vous endurcir et affermir votre décision de ne rien raconter à la police. Il y a des cambrioleurs qui résistent à toutes les tortures et qui ne voudront pas trahir ceux avec qui ils ont collaboré dans le cambriolage. Plus vous les chargez de coups, plus ils deviennent obstinés. Ou alors la torture peut juste briser votre volonté.

Maintenant je vais vous raconter une histoire très intéressante qui a été publiée par la Presse Communiste Tchèque. Novotny qui était le prédécesseur de Dubcek et qui était un dictateur communiste, avait arrêté un de ses camarades intimes, un responsable communiste, un athée convaincu et un membre du Comité Central du Parti Communiste (ce n’étaient pas seulement les chrétiens, les juifs et les patriotes qui étaient en prison. Un communiste en a arrêté un autre et l’a torturé comme il le ferait pour n’importe qui d’autre). Ils ont arrêté ce responsable communiste et l’ont mis seul dans une cellule de prison. Des rayons électromagnétiques qui perturbent l’esprit, traversaient cette cellule. Un haut-parleur répétait jour et nuit : « Votre nom est-il Joseph ou non ?  » (il ne s’appelait pas Joseph).Ils ont essayé de le rendre fou. Jour et nuit. Ils sentaient qu’il allait perdre la tête. A un moment donné, il a eu une illumination. « J’ai maintenant rencontré le mal absolu. Si les communistes torturent un chrétien, ce n’est pas un mal absolu parce que les communistes croient qu’ils construiront un paradis terrestre. Les chrétiens les gênent, ainsi c’est juste de torturer les chrétiens. Mais quand un communiste torture un communiste, c’est de la torture pour la torture. Il n’y a absolument pas de justification à cela. Mais attends un peu. Toute pièce possède deux faces, tout câble électrique a deux pôles. S’il y a un mal absolu, qui est-ce que ce mal absolu combat ? Un bien absolu doit exister. C’est Dieu, et c’est Lui qu’ils combattent. « Quand il a été appelé à comparaître devant l’interrogateur, il est entré dans la pièce en souriant et lui a dit qu’il pouvait maintenant débrancher le haut-parleur maintenant parce qu’il avait atteint le résultat qu’il escomptait. « Je suis devenu chrétien ». L’officier lui a demandé : « Comment cela est-il arrivé ? « Il lui a raconté toute l’histoire. L’officier a dit : « Attends un peu ». Il a appelé quelques uns de ses camarades et a dit : « S’il te plaît, répète l’histoire devant mes camarades. » Il a recommencé le récit, et le capitaine a dit à l’autre officier de police. « Je t’avais dit que cette méthode ne marcherait pas. Tu en as abusé. »

Le diable n’est pas tout puissant et pleinement sage comme Dieu. Il fait des erreurs. La torture méchante est un excès qui peut être utilisé spirituellement d’une très bonne façon.

MOMENT DE CRISE

La torture a un moment d’explosion, et le tortionnaire attend ce moment critique. Apprenez à être victorieux sur le doute et à avoir des pensées profondes. Il y a toujours un moment de crise où vous êtes prêts à écrire ou à prononcer le nom de votre complice dans l’œuvre souterraine, ou à dire où la boutique secrète d’impression se trouve, ou quelque chose de ce genre. Vous avez été tant torturés que rien ne compte plus; le fait que je n’éprouve pas de douleur ne compte pas non plus. Tirez cette conclusion au stade où vous êtes parvenus et vous verrez que vous surmonterez ce moment spécial de crise; cela vous donne une intense joie intérieure. Vous sentez que Christ a été avec vous dans ce moment décisif. Les geôliers aujourd’hui sont maintenant formés et perfectionnés, conscients qu’il y a un moment de crise. S’ils ne peuvent rien obtenir de vous à ce moment précis, alors ils abandonnent la torture : ils savent qu’il serait inutile de la poursuivre.

Il y a encore quelques points supplémentaires en relation avec la torture. Il est très important de comprendre ce que Jésus a dit : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. « J’ai eu quatorze années de prison. Le frère Hrapov en a eu vingt-six, Wong Ming Dao en a eu vingt-huit. Cela semble impossible de supporter de longues années de prison. On ne vous demande pas de tout supporter d’un coup. Ne supportez même pas une seule journée en une fois – supportez une heure à la fois. Une heure de douleur, tout le monde peut le supporter. Nous avons tous eu un terrible mal de dent, un accident de voiture, où nous avons éprouvé, peut-être, une angoisse indicible. Vous n’êtes pas destinés à supporter la douleur plus longtemps que cette seule minute présente. Ce qui amplifie la douleur c’est le souvenir que j’ai été battu et torturé tant de fois et que le lendemain ils me prendraient encore, et le surlendemain. Demain, il se pourrait que je ne sois pas en vie – ou qu’ils ne soient pas en vie. Demain, il peut y avoir un renversement, comme en Roumanie. Hier, les coups sont passés, la torture de demain n’est pas encore venue.

L’AMOUR SUPRÊME

La Bible enseigne certaines paroles très dures à endosser : « Quiconque ne hait pas son père, sa mère, ses enfants, son frère, sa sœur – ne peut pas être Mon disciple. » Ces mots ne signifient presque rien dans un pays libre.

Vous savez probablement par la littérature de La Voix des Martyrs que des milliers d’enfants ont été emportés loin de leurs parents dans l’ancienne Union Soviétique parce qu’ils avaient été enseignés sur Christ. Vous devez aimer Christ plus que votre famille. Puis vous êtes devant un tribunal et le juge vous dit que si vous reniez Christ, vous pouvez garder vos enfants. Sinon, ce sera la dernière fois que vous les verrez. Il se peut que votre cœur se brise, mais votre réponse devrait être : « J’aime Dieu. »

Nadia Sloboda a quitté sa maison pour quatre années d’emprisonnement. Ses enfants ont été emportés loin d’elle, mais elle a quitté sa maison en chantant. Les enfants, que la police attendait avec un camion afin de les prendre dès qu’elle partirait, ont dit à leur mère qui chantait: « Ne te fais pas de souci pour nous. Où qu’ils nous mettent, nous n’abandonnerons pas notre foi. » Et en effet ils ne l’ont pas abandonnée.

Quand Jésus était sur la croix, Il n’a pas seulement souffert physiquement; Il avait Sa mère devant Lui qui souffrait. Sa mère ressentait la souffrance du Fils. Ils s’aimaient, mais la gloire de Dieu était en jeu et là tout sentiment humain devait être secondaire. C’est uniquement lorsque nous prenons cette attitude une fois pour toutes que nous pouvons nous préparer au travail souterrain. Seul Christ, l’Homme de Souffrance, l’Homme de Douleur, doit vivre en nous. Il y a eu des cas en pays communistes où des tortionnaires communistes ont jeté leurs matraques en caoutchouc avec lesquels ils battaient un chrétien et lui ont demandé : « Quel est cette auréole que tu as autour de la tête ? Comment se fait-il que ton visage resplendisse ? Je ne peux plus te frapper. » Il est dit d’Etienne dans la Bible que « son visage resplendissait ». Nous avons connu des cas où des tortionnaires communistes ont dit au prisonnier : « Crie fort, pleure fort comme si je te battais pour que mes camarades croient que je te torture. Mais je ne peux pas te frapper. » Ainsi, vous criiez sans que rien ne vous arrive.

Il y a d’autres cas où les prisonniers sont réellement torturés, quelquefois jusqu’à la mort. Vous devez choisir entre mourir avec Christ et pour Christ ou devenir un traître. A quoi sert-il de continuer à vivre si vous auvez honte de vous regarder dans le miroir, sachant que le miroir vous montrera le visage d’un traître ?

APPRENEZ A GARDER LE SILENCE

Dans l’Eglise Souterraine, le silence est l’une des premières règles. Chaque mot superflu que vous direz peut mettre quelqu’un en prison. Un de mes amis, un grand compositeur chrétien, est allé en prison parce que des chrétiens avaient l’habitude de dire : « Qu’il est magnifique ce chant composé par le frère ____. » Ils lui faisaient des éloges et à cause de cela il a eu quinze années d’emprisonnement. Chantez le cantique, mais ne mentionnez pas le nom de celui qui l’a écrit. Vous ne pouvez pas apprendre à garder le silence au moment même où le pays est envahi. Vous devez apprendre à garder le silence à partir du moment de votre conversion.

La secrétaire de Soljenitsyne a été mise sous une telle pression par les communistes (et elle a été dénoncée par la femme de Soljenitsyne) qu’elle a fini par se pendre. Si Soljenitsyne avait gardé le silence, cela ne serait pas arrivé. Une autre question qui est très importante: je remercie Dieu pour les années que j’ai passées en cellule d’isolement. J’ai été, pendant trois ans, 9 mètres sous terre. Je n’ai jamais entendu un mot. Je n’ai jamais prononcé un mot. Il n’y avait pas de livres. Les voix extérieures avaient cessé. Les gardes marchaient sur la pointe des pieds; on ne les entendait pas s’approcher. Ensuite, avec le temps, les voix intérieures ont cessé.

On nous droguait, on nous battait. J’oubliais toute ma théologie. J’oubliais toute la Bible. Un jour, j’ai remarqué que j’avais oublié le « Notre Père ». Je ne pouvais plus le réciter. Je savais qu’il commençait par « Notre Père… », mais je ne connaissais pas la suite. Je restais seulement heureux et disais : « Notre Père, j’ai oublié la prière, mais tu la connais certainement par cœur. Tu l’entends tant de milliers de fois par jour, assigne donc un ange pour la réciter et moi, je vais simplement garder le silence. « Pendant tout un temps, mes prières étaient : « Jésus, je T’aime.  » Et puis, après un petit moment plus tard, de nouveau : « Jésus, je T’aime. Jésus, je T’aime.  » Ensuite, c’était trop difficile même de dire cela parce que nous étions dopés avec des drogues qui détruisaient nos esprits. Nous avions très faim. Nous avions une tranche de pain par semaine. Il y avait les coups qu’on nous infligeait, et les tortures, et le manque de lumière, et d’autres choses. Il devenait impossible de me concentrer pour dire ne serait-ce que « Jésus, je T’aime. » J’abandonnais cet effort parce que je savais que c’était nécessaire. La plus haute forme de prière que je connaisse est le calme battement d’un cœur qui L’aime. Jésus devait juste entendre « tic-tac, tic-tac » et Il savait que chaque battement était pour Lui.

Quand je suis sorti de la cellule d’isolement et que j’étais avec d’autres prisonniers et que je les entendais parler, je me suis demandé pourquoi ils parlaient. Une si grande partie de notre discours est inutile. Aujourd’hui, les hommes font la connaissance l’un de l’autre et l’un dit : « Comment vas-tu ?  » et l’autre répond : « Comment vas-tu ?  » A quoi cela sert-il ? Puis l’un dit : « Ne penses-tu pas qu’il fait beau ?  » et l’autre réfléchit et dit : « Oui, je pense qu’il fait beau.  » Pourquoi devons-nous parler au sujet de ce qu’il fait beau ? Nous ne prenons pas au sérieux la parole de Jésus qui dit que les hommes seront jugés non pas pour chaque parole mauvaise, mais pour chaque parole inutile. C’est ainsi que c’est écrit dans la Bible. Des paroles inutiles dans certains pays équivalent à la prison et à la mort de votre frère. Une parole d’éloge sur votre frère, si elle n’est pas nécessaire, peut équivaloir à une catastrophe. Par exemple, quelqu’un vient vous rendre visite et vous dites : « Oh ! c’est dommage que tu n’aies pas été là plus tôt – le frère W. vient juste de partir.  » Le visiteur pourrait être un informateur de la police secrète. Maintenant elle saura que le frère W. est dans la ville ! Fermez votre bouche ! Apprenez à le faire maintenant […].

RESISTER AU LAVAGE DE CERVEAU

Une des plus grandes méthodes n’est pas seulement la torture physique, c’est le lavage de cerveau. Nous avions à savoir comment résister au lavage de cerveau. Le lavage de cerveau existe dans le monde libre aussi. La presse, la radio et la télévision nous font un lavage de cerveau. Il n’existe aucune raison au monde de boire Coca-Cola. Vous le buvez parce que vous avez été soumis à un lavage de cerveau. L’eau est sûrement meilleure que le Coca-Cola. Mais personne n’en fait la publicité: « Buvez de l’eau, buvez de l’eau. » Si l’on faisait de la publicité sur l’eau, nous boirions de l’eau. Certains ont porté jusqu’à l’extrême cette technique de lavage de cerveau. Les méthodes varient, mais le lavage de cerveau dans ma prison roumaine consistait essentiellement en la chose suivante: nous devions nous asseoir durant 16 heures sur une forme qui ne nous offrait aucune possibilité de nous allonger, et vous n’étiez pas autorisés à fermer les yeux. Pendant 16 heures par jour, nous devions entendre: « Le communisme est bon, le communisme est bon, le communisme est bon, etc.; le christianisme est mort, le christianisme est mort, le christianisme est mort, etc.; abandonne, abandonne, etc. » Vous vous lassiez au bout d’une minute de cela mais vous deviez l’entendre 16 heures d’affilée pendant des semaines, des mois, et même des années, sans interruption. Je peux vous l’assurer, ce n’est pas facile. C’est l’une des pires tortures. Bien pire que la torture physique. Mais Christ a prévu toutes choses parce qu’avec Lui le temps n’existe pas. L’avenir, le passé, le présent sont un et la même chose: Il connaît toutes choses depuis le commencement. Les communistes ont inventé le lavage de cerveau trop tard! Christ avait déjà inventé le contraire du lavage de cerveau – le lavage du cœur. Il a dit: « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. »

Etienne, le premier martyr pour Christ avait autour de lui des centaines de personnes tenant dans les mains de grosses pierres qu’elles étaient prêtes à lancer sur lui. Il a dit: « Je vois ». Et la femme d’Etienne a probablement pensé qu’il voyait le danger dans lequel il se trouvait et qu’il s’enfuirait. Mais il a dit: « Je vois JESUS debout à la droite de Dieu. » Peut-être a-t-elle dit (cela n’est pas rapporté): « Ne vois-tu pas toute la foule autour de toi prête à te lapider? » « Oh oui! Je vois là-bas en bas quelques petites fourmis qui ne valent pas la peine d’être mentionnées. Je fixe mes regards sur JESUS. » Il n’a pas regardé à ceux qui voulaient le tuer. Heureux ceux qui ont le cœur pur.

J’étais passé par le lavage de cerveau pendant plus de deux ans. Maintenant les communistes auraient dit que mon cerveau est encore sale. Au même rythme sur lequel ils disaient: « Le christianisme est mort », moi et d’autres répétions à nous-mêmes: « Christ aussi est mort, Christ aussi est mort. » Mais nous savions qu’Il est ressuscité des morts. Nous nous souvenions que nous vivions dans la communion des saints.

VAINCRE LA SOLITUDE

Un des plus grands problèmes d’un combattant d’une Eglise souterraine est de savoir comment combler sa solitude. Nous n’avions absolument pas de livres. Non seulement pas de Bible, mais pas de livres, pas de bout de papier, et pas de crayon. Nous n’entendions aucun bruit, et il n’y avait absolument rien pour distraire notre attention. Vous regardiez les murs, c’était tout. Maintenant, normalement une âme placée dans de telles circonstances devient folle. Je peux vous raconter à partir de ma propre expérience comment j’ai pu éviter de devenir fou, mais une fois de plus ceci doit être préparé par une vie d’exercices spirituels effectués à l’avance. Combien de temps pouvez-vous être seuls sans la Bible? Combien de temps pouvez-vous supporter d’être seuls sans mettre en marche la radio, ou le magnétoscope, etc.?

Moi, et beaucoup d’autres prisonniers, nous avons fait la chose suivante: nous ne dormions jamais la nuit. Nous dormions le jour. Toute la nuit, nous étions éveillés. Vous savez qu’un psaume dit: « … le Seigneur vous bénit … vous qui durant la nuit vous tenez dans la maison de l’Eternel. » Une prière pendant la nuit vaut dix prières faites le jour. Tous les grands péchés et crimes sont commis pendant la nuit. Les grands cambriolages, l’ivrognerie, faire la fête, les adultères – toute cette vie de péché est une vie nocturne. Pendant le jour, tout le monde doit travailler à l’usine, à l’université ou ailleurs. Les forces démoniaques sont des forces nocturnes, et par conséquent, il est important de s’opposer à elles durant le jour. Lorsque nous étions enfermés en cellule d’isolement, nous nous réveillions quand les autres prisonniers se couchaient. Nous remplissions notre temps d’un programme qui était si chargé que nous ne pouvions pas l’effectuer. Nous commencions par une prière, une prière dans laquelle nous voyagions à travers le monde entier. Nous priions pour chaque pays, pour les endroits dont nous connaissions les noms des villes et des hommes, et nous priions pour les grands prédicateurs. Cela prenait une bonne heure ou deux bonnes heures pour revenir. Nous priions pour les pilotes et pour ceux qui étaient sur les mers, et pour ceux qui étaient en prison. Après avoir voyagé dans le monde entier, je lisais la Bible de mémoire. Mémoriser la Bible est très important pour un ouvrier de l’Eglise souterraine.

LA JOIE DU SEIGNEUR

Juste pour vous faire rire un tout petit peu, je vais vous raconter une chose qui nous est arrivée. Une fois, alors que j’étais étendu sur les quelques planches qui constituaient mon lit, je lisais de mémoire le Sermon sur la Montagne, selon Luc. Je suis arrivé à l’endroit où il est dit: « Lorsque vous serez persécutés… à cause du Fils de l’homme, réjouissez-vous ce jour-là et sautez d’allégresse… » Vous vous souviendrez que c’est ainsi que c’est écrit. J’ai dit: « Comment est-ce que je peux commettre un tel péché de négligence? Christ a dit que nous devons faire deux choses différentes. Premièrement nous réjouir, ça je l’ai fait. Deuxièmement, ‘sauter d’allégresse’, cela je ne l’ai pas fait. » Alors j’ai sauté. Je suis descendu de mon lit et j’ai commencé à sauter tout autour. Dans la prison, la porte d’une cellule possède un œil de judas à travers lequel le gardien regarde à l’intérieur de la cellule. Il est arrivé un jour qu’il regarde alors que je faisais le tour en sautant. Donc il a cru que j’étais devenu fou. Ils avaient reçu l’instruction de se comporter d’une très bonne manière avec les fous afin que leurs cris et leurs tapages sur le mur ne dérangent pas l’ordre de la prison. Le gardien est entré immédiatement, m’a ordonné de me taire et a dit: « Tu va être relâché; tu verras que tout ira bien. Tais-toi simplement. Je vais t’apporter quelque chose. » Il m’a apporté un gros morceau de pain. Notre portion, c’était une tranche de pain chaque semaine, et là j’avais un morceau complet, plus du fromage. Il était blanc. Je n’avais jamais même goûté à un fromage. Tout d’abord j’étais en admiration devant sa couleur blanche. C’est beau à voir. Il m’a apporté aussi du sucre. Il a dit encore quelques paroles gentilles et a fermé la porte et est parti. J’ai dit: « Je vais manger ces choses après avoir fini mon chapitre dans Saint Luc. » Je me suis étendu de nouveau et j’ai essayé de me souvenir de l’endroit où je m’étais arrêté. « Ah oui, là: « Lorsqu’on vous persécutera pour Mon nom, réjouissez-vous… et sautez d’allégresse parce que grande sera votre récompense. » J’ai regardé le morceau de pain et le fromage. La récompense était réellement grande!

Ainsi donc la tâche suivante est de penser à la Bible et de la méditer. Chaque nuit, je composais un sermon commençant par: « Chers frères et sœurs » et se terminant par « Amen ». Après l’avoir composé, je le délivrais. Après cela je les arrangeais avec de très courtes rimes afin de m’en souvenir. Mes livres, « With God In Solitary Confinement » (Avec Dieu en Cellule d’Isolement) et « If Prison Walls Could Speak » (Si les Murs de la Prison Pouvaient Parler), contiennent quelques uns de ces sermons. J’en ai mémorisé trois cent cinquante.

Avec du pain, je faisais des pièces de jeu d’échec, certaines blanchies avec un peu de craie et les autres grises. Je jouais aux échecs tout seul. Ne pensez pas un seul instant que Bob Fisher soit le plus grand joueur d’échecs du monde. Il a perdu le dernier match contre Spassky. Il a gagné huit parties et en a perdu deux. Moi, en trois ans, je n’ai jamais perdu une seule partie; j’ai toujours gagné soit avec le blanc soit avec le gris!

Ne vous permettez jamais de devenir déprimés parce qu’à ce moment là les communistes vous ont entièrement entre leurs mains. Votre esprit doit être continuellement exercé. Il doit être alerte, il doit penser. Il doit, chacun selon ses capacités, composer différentes choses, etc.. Je vous ai dit toutes ces choses parce qu’elles font partie des secrets de l’ouvrier de l’Eglise souterraine quand il souffre. Que Dieu vous bénisse.

Source : http://sentinellenehemie.free.fr/wurmbrand1.html

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